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La fin justifie les moyens, un dicton qui s’applique bien dans la vie, et encore plus en politique. Récemment, une vidéo de propagande électorale a fait le tour de la toile et a suscité de vives inquiétudes concernant les circonstances de l’exploitation politique des moyens publics. A ce propos, le Parti du Progrès et du Socialisme (PPS) et le Mouvement Populaire (MP) montent au créneau contre cette diffusion, l’accusant de violer les principes de neutralité politique et d’être une campagne déguisée en faveur du gouvernement en place.
Faire la promotion des campagnes électorales n’a rien de répréhensible en soi, mais les moyens utilisés suscitent toujours de vifs débats politiques. Dans ce contexte, le secrétaire général du PPS, Nabil Benabdellah, a officiellement saisi Latifa Akharbach, présidente de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA), pour demander l’ouverture d’une enquête sur cette affaire.
Dans sa plainte, Nabil Benabdellah dénonce une instrumentalisation des ressources publiques à des fins électorales. Selon lui, la vidéo, diffusée sur la chaîne nationale ainsi que sur Internet, présente un bilan gouvernemental biaisé et se livre à une promotion politique sous couvert de communication institutionnelle. Intitulée « De grandes réalisations gouvernementales ont été accomplies pour atteindre le Maroc que nous souhaitons en 2030, et notre ambition est encore plus grande », cette capsule audiovisuelle met en avant des projets gouvernementaux controversés, sans laisser de place à un débat contradictoire, pourtant essentiel à la démocratie.
Le PPS estime que cette vidéo constitue une entorse aux règles encadrant la communication audiovisuelle, notamment celles qui proscrivent la publicité politique dissimulée et l’utilisation de fonds publics à des fins partisanes. Le parti met également en garde contre l’exploitation d’éléments relevant du patrimoine national collectif – à l’instar de la performance de l’équipe nationale de football lors du Mondial 2022 et du symbole du Royaume – pour asseoir une propagande gouvernementale.
« Nous sommes face à une tentative de manipulation de l’opinion publique « , affirme le chef du PPS dans son courrier adressé à la HACA. « Cette vidéo, sous couvert de bilan, est un message politique implicite visant à favoriser la majorité en place en prévision des prochaines échéances électorales ».
La formation de gauche appelle ainsi l’instance de régulation à examiner la conformité de cette vidéo avec la loi 77.03 relative à la communication audiovisuelle, qui impose aux médias publics d’assurer une couverture équilibrée et impartiale des affaires politiques. Le PPS demande en outre de vérifier l’origine des financements ayant permis la production et la diffusion de ce contenu sur une chaîne publique, pointant du doigt un possible recours à des fonds publics pour servir des intérêts partisans.
Pas que, le PPS s’acharne. Rachid Hamouni, le président du groupe du PPS a, de son côté, adressé une missive à Mohammed Mehd Bensaid, ministre de la jeune, de la culture et de la communication. D’après lui, “cette capsule vidéo mélange de manière intentionnelle et trompeuse le concept de vidéo institutionnelle, destinée à promouvoir une cause d’intérêt général, avec celui de publicité promotionnelle”.
D’une durée d’environ 2 minutes et 20 secondes, cette production audiovisuelle débute en évoquant l’exploit de l’équipe nationale de football lors du Mondial 2022 et se termine sur une image fixe représentant l’emblème du Royaume du Maroc. Tout au long de la vidéo, une confusion volontaire est entretenue entre ces éléments et le bilan gouvernemental, qui devrait pourtant être présenté, discuté et défendu dans un cadre spécifique, respectant les règles de la concurrence politique loyale, équitable et transparente.
D’après la correspondance du PPSiste, cette vidéo met en avant ce qui est “présenté comme des réalisations gouvernementales, alors que leur concrétisation et leur efficacité restent sujettes à des évaluations politiques divergentes entre la majorité et l’opposition”. De son point de vue, ces réalisations sont “illusoires”, leur mise en œuvre étant “entachée de dysfonctionnements majeurs”, comme en attestent des institutions nationales indépendantes, notamment dans des domaines clés tels que la réforme de l’éducation, le soutien au logement, le programme Forsa, l’aide sociale directe et l’assurance maladie obligatoire.
Côté métaphysique évoqué :le député insinue que la vidéo concernée véhicule un message subliminal incitant le public à soutenir la reconduction du gouvernement actuel lors des prochaines élections, sous couvert de l’ambition de diriger le pays jusqu’à la Coupe du Monde 2030. Et pour les néophytes, un message subliminal est un stimulus incorporé dans un objet, conçu pour être perçu au-dessous du niveau de conscience. Des techniques subliminales ont été utilisées dans la publicité ou la propagande. Le but et l’efficacité de ces techniques sont sujets à débat.
Retournons à nos moutons. La vidéo “coupable” s’agit donc, selon Hamouni, d’un contenu qui instrumentalise des éléments relevant du sentiment collectif des Marocains, tout en poursuivant des objectifs électoralistes dont la nature partisane est manifeste.
“Ce contenu ne vise pas à promouvoir les atouts du pays à l’international ni à sensibiliser le public à une cause d’intérêt général. Il relève plutôt d’une communication politicienne destinée à un usage interne et électoraliste”, conteste-t-il.
Il s’interroge également sur la compatibilité de cette production et de sa diffusion sur la chaîne publique 2M avec les principes encadrant l’audiovisuel public, qui doit répondre à des missions de service public, dans le respect du pluralisme, des cahiers des charges, de la transparence, de la concurrence loyale et de la responsabilité.
En outre, il se demande si cette vidéo respecte les dispositions du décret 02.15.1518 relatif au cahier des charges de la Société nationale de radiodiffusion et de télévision (SNRT) et de la Société Soread 2M, qui impose des règles strictes en matière d’objectivité, de neutralité et de pluralisme, et interdit toute publicité politique déguisée en contenu institutionnel.
Ainsi, Hamouni souhaite obtenir des éclaircissements sur l’origine et le montant du financement ayant permis la production et la diffusion de cette vidéo électorale. Les informations dont il dispose suggèrent qu’elle “aurait été financée par des fonds publics”. Motivé par toutes ces causes, Hamouni exhorte le ministre de tutelle de confirmer ou d’infirmer cette information et de de préciser à l’opinion publique les parties contractantes ayant participé à la production de cette vidéo, la nature du contrat ou de l’accord ayant encadré cette production et sa conformité avec les cahiers des charges en vigueur, ainsi qu’au coût et à l’origine des fonds ayant servi à la promotion et à la diffusion de cette vidéo sur les médias publics et les plateformes en ligne.
Indignation partagée par Mohammed Ouzzine, secrétaire général du MP, qui, à son tour, a exprimé sa fureur face à ce qu’il qualifie de « hold-up » politique orchestré par le gouvernement. Dans une missive adressée à la HACA, le leader haraki fustige une tentative flagrante de récupération politique d’un projet d’envergure nationale, piloté par la vision stratégique du Roi et porté par les aspirations légitimes du peuple marocain. Pour lui, l’Exécutif a franchi un cap intolérable en instrumentalisant une chaîne financée par les contribuables à des fins de propagande électorale anticipée, au mépris des principes de neutralité et de pluralité du service public audiovisuel public.
Ouzzine ne mâche pas ses mots. Sur un ton virulent, il dénonce une opération de communication savamment déguisée qui transforme une célébration nationale en une campagne électorale à peine voilée. Il pointe du doigt un détournement éhonté des symboles de la Nation, à commencer par les armoiries du Royaume, utilisées dans ce qu’il qualifie de « mascarade médiatique ».
Le secrétaire général du MP s’insurge également contre l’exploitation politicienne de projets sectoriels comme «Forsa» et la couverture médicale, rappelant que ces initiatives, loin d’être les réussites brandies par le gouvernement, souffrent d’une mise en œuvre chaotique et d’un impact limité sur les citoyens. Face à ce qu’il perçoit comme une tentative de manipulation de l’opinion publique, il met en garde contre les dérives d’un Exécutif qui, incapable de défendre un véritable bilan, tente de s’accaparer des réalisations collectives en les travestissant en succès partisans.
Fustigeant un gouvernement « hégémonique et arrogant », MohaMmed Ouzzine appelle la HACA à jouer pleinement son rôle de régulateur et à intervenir sans délai pour mettre un terme à cette dérive institutionnelle. Il exige une enquête approfondie sur les conditions de production et de financement de cette vidéo, mettant en avant le risque d’un usage détourné des fonds publics à des fins partisanes.
Pour le MP, ce nouvel épisode témoigne d’une volonté manifeste du gouvernement de brouiller les frontières entre action étatique et propagande politique, compromettant ainsi les fondements d’un État impartial et démocratique. À l’heure où le Maroc s’apprête à accueillir l’un des événements sportifs les plus prestigieux au monde, Ouzzine prévient contre toute tentative d’instrumentalisation électoraliste du projet du Mondial 2030, affirmant que l’enjeu dépasse de loin les intérêts partisans d’un gouvernement éphémère.
“C’est pourquoi il faudrait mettre un terme immédiatement à cette farce médiatique de mauvais goût et que les institutions concernées assument pleinement leur responsabilité ou démissionnent, déclarant leur faillite et leur incapacité manifeste à faire face à l’hégémonie du gouvernement et d’autres parties qui semblent désormais suivre les pas de ce gouvernement et vouloir satisfaire ses caprices”, fulmine Ouzzine.
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