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Réforme des lois, autonomisation et émancipation des femmes… la journée nationale de la femme marocaine, célébrée le 10 octobre de chaque année, ravive le débat de la lutte féminine. Face à une société patriarcale, la femme marocaine s’est battue bec et ongles pour mener à bien l’essor féminin.
Les femmes marocaines ont de quoi être fières ! Après vingt ans, leur leadership s’est renforcé dans tous les secteurs grâce à la vision royale. Le 10 octobre 2003, le Roi Mohammed VI s’est interrogé “Comment peut-on espérer développer la société et promouvoir la condition des femmes, qui en constituent la moitié, alors que leurs droits sont bafoués et se trouvent exposées à la discrimination, la violence et la marginalisation”. Dès lors, l’émancipation féminine a connu un nouveau chapitre.
En cette journée, Hespress FR a approché Aïcha Alhiane, présidente de l’Union de l’action féminine (UAF), pour scruter de près ce parcours. Fière du présent féminin marocain, notre intervenante félicite toutes les femmes marocaines, qu’elles résident en milieu rural, urbain ou montagneux, “nous saluons tout particulièrement les travailleuses, les femmes au foyer, ainsi que celles qui, sur tous les fronts, défendent leurs droits à travers le Maroc, à l’occasion de la Journée nationale de la femme marocaine. Nous leur rendons hommage pour leur résilience et leur détermination à obtenir leurs droits, que ce soit au sein de la famille ou de la société”.
Cette commémoration revêt une importance particulière car elle marque l’anniversaire du discours historique prononcé par le Roi devant le Parlement en octobre 2003. “Ce discours a posé une pierre angulaire dans l’histoire de notre pays, en renforçant les droits des femmes à travers la réforme du Code de la famille (Moudawana), qui, jusque-là, consacrait des discriminations flagrantes, notamment en matière de relations de pouvoir au sein du foyer. Cette réforme de 2003 a instauré une nouvelle ère législative, constitutionnelle et juridique en faveur des femmes”, s’étale la présidente de l’UAF.
Parmi les acquis les plus significatifs, la promulgation du Code de la famille en 2004 fut un tournant historique. “Nous l’avons qualifiée de révolution pacifique, car elle a mis fin au monopole d’une élite sur les réformes de ce Code, en les soumettant au Parlement, comme toute autre législation. Ce fut un véritable défi institutionnel”, ajoute-t-elle. D’autres avancées ont suivi, notamment la Constitution de 2011, qui a consacré l’égalité réelle entre les sexes, la lutte contre toute forme de discrimination, et la primauté des conventions internationales sur le droit national. Ces réformes ont grandement contribué à améliorer la condition des femmes, tant sur le plan législatif que dans la réalité quotidienne, leur ouvrant l’accès à divers domaines de la vie publique.
Cependant, plus de vingt ans après l’adoption du Code de la famille et plus de douze ans après l’adoption de la Constitution de 2011, de nombreux changements sont intervenus au Maroc, qu’ils soient d’ordre économique, social ou politique. Pour la défenseuse des droits de femmes : Il est donc impératif que les lois nationales évoluent pour accompagner ces transformations, en particulier en ce qui concerne le rôle des femmes dans notre société. Nous reconnaissons que des progrès significatifs ont été réalisés depuis 2003, mais il est désormais temps de revoir l’ensemble des lois nationales afin de les harmoniser avec les dispositions de la Constitution, notamment celles relatives à l’égalité et à la lutte contre la discrimination.
Et d’ajouter : Au sein du mouvement féministe, nous n’avons cessé de réclamer la réforme du Code de la famille. Si cette réforme a été une avancée majeure en 2004, les évolutions sociales et économiques qu’a connues notre pays depuis lors rendent nécessaire une révision de ce texte. Le Maroc d’aujourd’hui a besoin d’un Code de la famille moderne, adapté aux rôles essentiels que les femmes jouent dans l’éducation, la gestion des affaires familiales, la construction de la société et la contribution au développement dans tous les domaines. Les femmes marocaines sont désormais présentes dans toutes les professions : elles sont ministres, pilotes, avocates, et occupent des postes de responsabilité dans tous les secteurs. “Le Code actuel ne reflète plus cette réalité”, s’indigne notre interlocutrice.
Ce faisant, les dispositions actuelles du Code de la famille sont aujourd’hui “dépassées” et parfois “discriminatoires” au regard de la Constitution, qui consacre une égalité pleine et entière entre les hommes et les femmes, tant au sein de la famille que dans la société. C’est pourquoi, avec l’Union féminine et d’autres associations, nous avons lancé une campagne nationale pour réformer ce Code. L’engagement politique du pays a été à la hauteur de cette aspiration, et un processus de réforme a été ouvert. Nous attendons maintenant avec impatience un projet de loi qui réponde aux attentes des femmes marocaines.
“Nous espérons que ce texte législatif sera à la hauteur de leurs ambitions et qu’il garantira leur dignité, leurs droits, l’égalité dans la gestion des affaires familiales, y compris en matière de tutelle sur leurs enfants, qu’il s’agisse de leurs biens ou d’autres aspects personnels. Il est essentiel que le Maroc relève ce défi dans le cadre des efforts qu’il déploie pour l’instauration et la protection des droits humains. La réforme du Code de la famille doit être une priorité, car elle influence toutes les autres lois”, souligne Aicha Alahiane.
Pas que, outre cette réforme, il est également impératif de réviser le Code pénal, “qui reste discriminatoire envers les femmes et ne tient pas compte de l’approche genre. De plus, les procédures civiles et pénales doivent être simplifiées pour garantir un accès plus facile à la justice pour les femmes, notamment celles victimes de violence. Sans des procédures simples et accessibles, les droits inscrits dans la Constitution, notamment celui de l’accès à la justice, resteront inapplicables”, indique la présidente de l’UAF.
Par ailleurs, toutes les lois nationales doivent être révisées pour faciliter l’accès des femmes à la justice et à leurs droits. Et de conclure, notre intervenante insiste sur la nécessité d’une réforme globale : “ les politiques publiques doivent être dotées de mécanismes et de budgets adéquats pour améliorer la condition des femmes, d’autant plus que les rapports officiels indiquent une dégradation de leur situation en matière d’emploi, de pauvreté et de chômage. Le modèle de développement national ne peut réussir sans une réelle amélioration des conditions de vie des femmes. Le gouvernement doit entendre ces réalités et engager un dialogue social pour trouver des solutions adéquates à cette situation”.
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