En moins de deux ans, le virement instantané s’impose comme un standard : 16,3 millions d’opérations, des pics à 231.000 transactions en une journée et près de 800 millions de dirhams traités. Une mutation rapide qui redéfinit la gestion des flux financiers.
Longtemps cantonné aux usages traditionnels ( virements différés, retraits en cash, cartes bancaires ) l’écosystème des paiements marocain est en train de vivre une transformation profonde, discrète mais spectaculaire. En 2024, le virement instantané a véritablement changé d’échelle, s’imposant comme l’un des tournants majeurs de la modernisation financière du pays.
Lancé en juin 2023, le Paiement Instantané (PCVI) avait déjà suscité l’intérêt des banques et des usagers. Mais c’est en 2024 que la dynamique est devenue fulgurante. Selon le rapport annuel de Bank Al-Maghrib sur les infrastructures de marché et les moyens de paiement, la plateforme a traité 16,3 millions d’opérations en 2024, portant le total cumulé depuis son lancement à 22,5 millions. En un an, le volume a littéralement triplé, propulsant le Maroc dans le club restreint des pays où le paiement instantané est en voie de devenir un standard de place.
La montée en charge est tout aussi frappante en rythme quotidien. Alors que la plateforme traitait 24 600 transactions par jour en 2023, la moyenne est passée à 64 600 en décembre 2024, avec un record à 231.000 opérations en une seule journée. Côté montants, le système a atteint un pic de 797 millions de dirhams. Une vraie accélération structurelle, qui n’a rien d’un simple effet d’annonce.
Cette adoption fulgurante n’est pas anodine. Elle témoigne d’un changement profond dans la manière dont les Marocains ( particuliers, entreprises et administrations ) gèrent leurs flux financiers. Le paiement instantané répond à un besoin essentiel : celui d’une vitesse d’exécution qui colle à la réalité économique contemporaine. Transférer de l’argent entre banques en quelques secondes, 24h/24 et 7j/7, n’est plus un luxe technologique mais une attente normative, notamment dans un pays où l’usage du cash reste élevé, mais où la digitalisation avance à grande vitesse.
L’impact macroéconomique est lui aussi significatif. En permettant un règlement immédiat, le virement instantané améliore la gestion de trésorerie des ménages et des entreprises, réduit les délais de paiement et fluidifie les circuits financiers. Pour les banques, il dynamise l’innovation et renforce la concurrence dans le domaine des transactions scripturales longtemps resté dominé par des infrastructures disponibles uniquement en jours ouvrables.
Cette révolution silencieuse s’inscrit dans un chantier plus vaste : la Stratégie nationale des paiements, menée par Bank Al-Maghrib et plusieurs acteurs publics et privés, qui vise à accélérer l’acceptation des paiements électroniques, réduire la dépendance au cash et renforcer la confiance dans les solutions numériques. Le paiement instantané en constitue l’un des piliers technologiques et culturels.
À l’international, l’évolution marocaine rappelle celle de marchés pionniers en Europe ou en Asie, où le paiement instantané est devenu en quelques années la norme des interactions financières quotidiennes. La trajectoire locale semble suivre la même courbe : rapide, ascendante, et porteuse d’une mutation durable.
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