L’entreprise américaine L3Harris Technologies a récemment remporté un contrat de modernisation de la flotte d’avions C-130 Hercules des Forces Royales Air (FAR), un vecteur-clé de la capacité de transport stratégique et tactique du Royaume.
Le contrat, annoncé officiellement par L3Harris dans un communiqué, prévoit une remise à niveau complète des avions C-130 marocains, avec une attention particulière portée à la modernisation des systèmes avioniques, à la révision générale des moteurs, ainsi qu’à une maintenance de niveau industriel (depot-level maintenance), sans oublier des services de soutien logistique intégrés. Ces interventions permettront de prolonger significativement la durée de vie opérationnelle des appareils, tout en les adaptant aux standards technologiques contemporains en matière de navigation, de communication et de gestion de mission.
« Cet accord constitue le socle d’un partenariat stratégique durable avec les Forces Royales Air. Il vise à garantir la disponibilité permanente de leur flotte pour des missions critiques, grâce à des modifications évolutives de l’architecture avionique », a déclaré Jason Lambert, vice-président chez L3Harris.
L’industriel américain mise sur l’adaptabilité et l’interopérabilité de ses solutions pour renforcer la performance des C-130 marocains face aux défis sécuritaires actuels. Pour l’expert en sécurité et relations militaires Abderrahmane Mekkaoui, cette opération s’inscrit dans un projet global visant à préserver et renforcer les plateformes aériennes stratégiques du Royaume.
« Le C-130 a toujours été un outil central de projection et de soutien pour les Forces Royales Air, notamment dans la sécurisation des vastes étendues désertiques du Sud marocain. Ces avions ne se contentent pas d’assurer le transport de troupes ou de matériel ; ils jouent également un rôle fondamental dans les opérations spéciales, les missions commando, et même l’appui logistique des unités d’artillerie déployées dans des zones reculées », ajoute-t-il.
L’analyste rappelle que le C-130 marocain a fait ses preuves lors de nombreuses missions, tant à l’intérieur du pays que dans le cadre d’opérations multinationales, notamment les exercices conjoints avec les États-Unis, tels que African Lion, ou les missions humanitaires internationales.
La mise à niveau de ces appareils permettra d’intégrer des fonctionnalités avancées, notamment dans le domaine du ISR (Intelligence, Surveillance, Reconnaissance), offrant une capacité accrue de collecte et d’analyse du renseignement, un avantage stratégique majeur dans la lutte contre les menaces asymétriques comme le terrorisme, le trafic transfrontalier, ou la criminalité organisée.
Au-delà de la seule dimension technique, cet accord illustre le niveau d’ancrage stratégique des relations maroco-américaines dans le domaine de la défense. Pour le politologue Mohamed Chakir, ce contrat est révélateur d’un changement d’échelle dans la coopération militaire bilatérale. Dans une déclaration à Hespress, l’expert réitère : « Ce partenariat reflète la confiance renouvelée de Washington envers Rabat en tant qu’allié fiable dans une région instable. Il s’inscrit dans une dynamique de renforcement du front Sud de l’OTAN, où le Maroc joue un rôle de pivot sécuritaire, particulièrement dans la gestion des flux migratoires, la lutte contre les réseaux terroristes sahéliens, et la stabilité en Méditerranée occidentale ».
Chakir souligne également que cette initiative vient consolider une coopération ancienne, déjà marquée par le statut d’allié majeur hors-OTAN accordé au Maroc, ainsi que par une convergence de vues sur les grands dossiers sécuritaires régionaux.
Avec ce nouveau jalon, le Maroc démontre une volonté claire de renforcer son autonomie stratégique, tout en consolidant sa posture de puissance régionale stabilisatrice. Le choix de moderniser une flotte déjà opérationnelle au lieu d’acquérir une nouvelle plateforme montre aussi une approche pragmatique et maîtrisée des dépenses de défense, tout en garantissant une montée en gamme technologique des équipements existants.
« Le Royaume ne se contente plus d’être un simple utilisateur de technologies occidentales. Il s’inscrit désormais dans une logique de co-développement, de transfert de compétences et de cohérence capacitaire, notamment avec les États-Unis », conclut Chakir.
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