Le président de la commission provisoire de gestion du secteur de la presse et de l’édition, et figure connue du Syndicat national de la presse marocaine (SNPM), Younes Moujahid, a annoncé son retrait de cette structure, dénonçant une série d’« irrégularités » et de « violations du cadre statutaire », qu’il juge contraires à l’esprit fondateur du syndicat.
Dans un communiqué explicatif, Moujahid souligne que sa décision intervient après le gel de son adhésion lors de la réunion du Conseil national fédéral, tenue le 1er novembre à Rabat, « sans justification ni respect des procédures prévues par les statuts ».
Il affirme avoir boycotté cette réunion, estimant que le calendrier de convocation du Conseil « enfreint les délais légaux », puisque celui-ci doit, selon le règlement, se tenir tous les six mois. De plus, dit-il, l’ordre du jour « n’a été transmis que trois jours avant la séance, alors que le texte impose un délai de dix jours ».
L’ancien président du SNPM pointe également le non-respect des obligations internes, notamment l’absence prolongée des commissions d’éthique, d’arbitrage et de contrôle financier, dont la création constitue, selon lui, une garantie de transparence et de bonne gouvernance.
« Les lois ne sont pas là pour faire joli. Elles fondent la légitimité des décisions. Les violer, c’est les priver de toute valeur », écrit Moujahid dans sa lettre adressée au président du Conseil, Othmane Nejjari, restée sans réponse.
Le journaliste, également ancien président du Conseil national de la presse (CNP), affirme que le différend qui l’oppose à la direction actuelle du syndicat repose sur un désaccord de fond sur la gouvernance : « L’actuel secrétaire général ne respecte ni les délais légaux des réunions, ni les engagements pris avant son élection. Les décisions sont désormais unilatérales et politiquement orientées, parfois au détriment des intérêts des journalistes ».
Moujahid dénonce notamment la mise en place de comités « sur mesure », en dehors des statuts, et l’absence de transparence financière. Il regrette, en outre, que le SNPM, « autrefois modèle de rigueur et de cohésion », soit devenue, selon lui, « un espace de désordre juridique et de calculs personnels ».
« Je ne peux rester complice de ce naufrage moral et institutionnel. Le silence serait une trahison de l’histoire glorieuse du syndicat, bâti par des figures telles que Mohamed Yazghi, Abdelkrim Ghallab, Ali Yata ou Mohamed Larbi Messari », fait-il noter.
Moujahid rappelle par ailleurs les acquis majeurs obtenus durant les précédentes mandatures : conventions collectives dans la presse écrite et audiovisuelle, amélioration des salaires à la MAP, création d’antennes régionales et d’un second siège à Rabat, ainsi que des mobilisations nationales en faveur de la liberté de la presse.
Mais aujourd’hui, estime-t-il, ces avancées « sont compromises par des pratiques arbitraires » et une direction » plus préoccupée par les postes que par les revendications professionnelles ».
« J’aurais pu saisir la justice, mais j’ai préféré laisser les membres face à leur conscience », conclut-il, annonçant ainsi son retrait définitif du SNPM, sans pour autant renier l’héritage syndical qu’il dit vouloir préserver « de l’effacement et de l’oubli ».
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