Le parti d’extrême droite espagnol Vox multiplie les mises en garde contre l’essor des ports marocains. Tandis que Tanger Med a déjà doublé l’activité d’Algésiras en moins de vingt ans, Nador West Med accentue encore les inquiétudes en Andalousie, où les responsables politiques redoutent un recul stratégique face au dynamisme marocain.

En Espagne, l’essor fulgurant des infrastructures portuaires marocaines suscite une inquiétude croissante, particulièrement en Andalousie où le port d’Algésiras voit son rôle stratégique remis en question. Le parti d’extrême droite Vox a choisi d’en faire un cheval de bataille, dénonçant une « concurrence déloyale » et annonçant une initiative parlementaire pour défendre les intérêts des ports espagnols.

Manuel Gavira, porte-parole de Vox en Andalousie et député de Cadix, a rappelé que plusieurs grands acteurs du transport maritime ont déjà redirigé leurs opérations vers Tanger Med. Le cas de la compagnie danoise Maersk est présenté comme un signal d’alarme : le géant du shipping a transféré ses activités d’Algésiras au complexe portuaire marocain, jugé plus compétitif en raison des coûts réduits auxquels il est soumis par rapport aux ports européens. Gavira estime que cette décision a eu des répercussions immédiates : baisse du trafic, recul des recettes fiscales et menace sur l’emploi dans la région.

Le député andalou s’en est également pris à Bruxelles, accusant l’Union européenne d’alimenter cette dynamique en finançant à hauteur de 300 millions d’euros la construction du port de Nador West Med. Selon lui, cette politique revient à fragiliser les infrastructures espagnoles au profit du Maroc. Gavira a aussi critiqué l’accord conclu par le président andalou Moreno Bonilla avec la région de Tanger, qu’il considère comme un désengagement vis-à-vis du Campo de Gibraltar.

Au-delà des choix politiques, Vox met en cause la réglementation européenne en matière environnementale, qualifiée de « charges idéologiques » qui pèsent sur les ports espagnols. Ces normes, imposant aux compagnies maritimes des frais supplémentaires, ne s’appliquent pas aux terminaux marocains, accentuant selon le parti l’écart de compétitivité entre les deux rives de la Méditerranée.

Les chiffres évoqués par Gavira illustrent l’ampleur du défi : en moins de vingt ans, Tanger Med a réussi à doubler l’activité d’Algésiras. Ce basculement des flux maritimes, ajoute-t-il, expose les exportateurs andalous à des délais plus longs et à des coûts accrus pour écouler leurs marchandises. Plus encore, l’éloignement progressif de partenaires commerciaux traditionnels – jusqu’aux liaisons transatlantiques vers les États-Unis – révèle, selon Vox, une perte d’influence espagnole dans une zone stratégique.

Pour répondre à cette situation, le parti prévoit de déposer au Parlement andalou une initiative visant à améliorer la connexion ferroviaire du port d’Algésiras, afin d’éviter que le trafic ne se détourne davantage vers les installations marocaines. Vox exige aussi l’arrêt des aides destinées aux ports concurrents et la mise en place d’une véritable politique portuaire nationale centrée sur la compétitivité des terminaux espagnols.

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