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Mustapha, 33 ans, post production artist à Rabat, passe ses soirées devant son écran au point de gâcher ses relations personnelles. Mais contrairement aux idées reçues, il ne « perd » pas son temps. Il s’entraîne. Comme des milliers d’autres jeunes Marocains, il rêve de transformer sa passion pour les jeux vidéo en véritable carrière ”Streamer”. Et pour la première fois, le Maroc semble prêt à l’écouter.
Longtemps relégué au rang de simple divertissement, le gaming marocain franchit aujourd’hui un cap décisif. Les parents qui reprochaient à leurs enfants de « jouer trop longtemps » commencent à comprendre que derrière ces écrans se cache un univers professionnel en pleine expansion.
« Mon fils me disait qu’il voulait devenir gamer professionnel. Au début, j’ai ri », confie Fatima, mère de famille à Rabat. « Puis j’ai vu les sommes d’argent que certains gagnent dans les tournois internationaux. Maintenant, je l’encourage à persévérer”,ajoute-t-elle en espérant que son aveu trouve écho.
Cette transformation des mentalités accompagne une révolution plus large. En 2025, deux événements majeurs vont marquer un tournant : le Moroccan Gaming Expo (2-6 juillet à Rabat) et les LGaming Awards qui clôtureront cette semaine dédiée au gaming. Pour la première fois, le Royaume affiche clairement ses ambitions dans ce secteur.
Dans les cybercafés de Marrakech comme dans les centres culturels de Fès, une génération hyper-connectée fourbit ses armes. Ces jeunes maîtrisent les codes du streaming, jonglent entre plusieurs plateformes et rêvent de reconnaissance internationale. Leur détermination force le respect.
Mais le chemin reste semé d’embûches. Cette frustration révèle les failles d’un écosystème encore trop fragmenté. Joint par Hespress FR, Anass Bakkour, consultant senior en marketing digital et fin connaisseur du secteur, propose une solution jugée “effective”: Pour lui : la formation d’abord. « Nous devons créer des cursus spécialisés : game design, narration interactive, management de l’e-sport. Ces métiers existent, ils recrutent, mais nous n’avons pas les formations adaptées”.
L’investissement ensuite. Les fonds doivent miser sur les studios indépendants, les plateformes de streaming locales et les incubateurs dédiés. « L’argent existe, mais il ne sait pas encore où aller dans le gaming”, réitère-t-il. La structuration enfin. À l’image du football ou du basketball, le gaming a besoin d’encadrement, de rigueur et de promotion de talents. La Fédération Royale Marocaine des Jeux Électroniques a pour mission de développer et promouvoir le sport électronique au Maroc, et incorporer les valeurs d’engagement, de solidarité et surtout culturelles…
Loin des stéréotypes, les gamers d’aujourd’hui sont de véritables entrepreneurs du numérique. Ils maîtrisent les réseaux sociaux, analysent leurs audiences, construisent leurs communautés. Ce sont désormais les indicateurs digitaux – nombre d’abonnés, taux d’engagement, portée des contenus – qui attirent les sponsors.
Portée par une jeunesse connectée, inventive et affamée de reconnaissance, confirme Anass Bakkour, cette révolution silencieuse ne se limite plus au divertissement : elle s’impose comme un levier de développement national, avec une ambition assumée de rayonnement continental.
Parlant des statistiques, notre interlocuteur assume que “derrière les chiffres souvent cités — des millions de joueurs, une domination du mobile, des audiences en ligne exponentielles — se cache une mutation socio-culturelle profonde. Le gaming devient un langage, une culture, une plateforme d’expression. Il reflète les aspirations d’une jeunesse marocaine qui ne veut plus seulement consommer du contenu venu d’ailleurs, mais en produire, le diffuser et le monétiser”.
En tant qu’expert en stratégie digitale, Anass Bakkour constate au quotidien comment les outils du web — réseaux sociaux, streaming, campagnes virales — permettent de donner une voix aux gamers marocains, de créer des communautés fortes, et de construire des marques personnelles crédibles et monétisables. Les marques qui misent aujourd’hui sur le gaming ne le font plus par opportunisme, mais par conviction : c’est là que se trouvent les audiences de demain. Ce sont les KPIs issus du digital (engagement, vues, conversions, communautés actives) qui permettent aux sponsors d’investir dans des projets e-sport ambitieux.
“Mais il faut aussi penser inclusion : le gaming marocain doit être féminin, rural, multilingue et ouvert sur le monde. Il doit refléter la diversité du pays et non se limiter à quelques niches urbaines”, est-il d’ajouter.
C’est sur ce terrain que le Maroc peut rivaliser avec les géants du secteur comme l’Arabie Saoudite ou la Corée du Sud. La créativité et l’authenticité marocaines constituent de véritables atouts dans cet univers hyper-concurrentiel. Le 6 juillet 2025 marquera une date historique. Une cérémonie officielle récompensera les talents du gaming marocain : streamers, développeurs, organisateurs de tournois, figures émergentes.
Au-delà de l’aspect symbolique, cette reconnaissance pourrait débloquer des investissements et attirer l’attention des médias traditionnels, encore trop absents de ce secteur prometteur.
Le gaming représente bien plus qu’un simple divertissement. C’est un accélérateur d’employabilité, particulièrement dans les régions éloignées des grands centres urbains. Community manager, analyste e-sport, game designer, caster… autant de métiers d’avenir qui ne demandent qu’à éclore. La partie ne fait que commencer. À nous de bien la jouer.
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