Les mangroves comptent parmi les écosystèmes les plus riches de la planète en termes de biodiversité et jouent un rôle clé dans l’adaptation des populations aux changements climatiques (ACC) (UICN, 2022). Elles fournissent de nombreux services écosystémiques, notamment en freinant l’érosion côtière et en atténuant les effets des submersions marines qui entrainent la salinisation des sols et des nappes phréatiques, compromettant ainsi l’agriculture, la sécurité alimentaire et l’accès à l’eau potable. La hausse des températures et l’accentuation des phénomènes extrêmes couplées aux actions humaines (urbanisation, prélèvement de bois, défrichement rizicoles) entraînent la destruction de vastes superficies de palétuviers. Pour y faire face, la société de coopération pour le développement international (SOCODEVI) tient un colloque sur les écosystèmes de mangroves à Dakar. Selon le directeur général de SOCODEVI, Jean Philippe Marco, leur organisation met en œuvre, dans le Delta du Saloum et en Casamance un projet d’adaptation aux changements climatiques dénommée Natur’ELLES. « Le projet vise à renforcer l’adaptation des femmes et de leurs communautés vulnérables aux changements climatiques (CC) dans le delta du Sine Saloum et en Casamance. Il mise sur l’adoption de Solutions fondées sur la Nature (SfN) pour restaurer et conserver la biodiversité des littoraux à mangroves, tout en promouvant une gouvernance plus inclusive et équitable des ressources naturelles, notamment dans les Aires Marines Protégées (AMP) et les Aires et Territoires du Patrimoine Autochtone Communautaire (APAC), avec une place centrale accordée aux femmes », dit-il. Et de poursuivre : »Le projet vise également à améliorer les bénéfices que les femmes tirent de la conservation des mangroves en renforçant les services écosystémiques essentiels, comme la productivité halieutique, la réduction de l’érosion côtière, ou la salinisation des sols) ». Il indique que le colloque international se propose comme un espace de dialogue inclusif et interdisciplinaire du milieu de la recherche avec les chercheurs, décideurs acteurs communautaires, organisations de la société civile et l’ensemble des publics autour des écosystèmes de mangroves. « Il vise à mieux comprendre leur rôle écologique, socioéconomique et climatique, tout en mettant en avant les mécanismes innovants de paiement pour services environnementaux, dont le carbone bleu, comme leviers de conservation, de résilience climatique et de développement durable des territoires côtiers », fait-il savoir.
Pour le colonel Mamadou Sidibé, directeur des aires marines communautaires protégées au ministère de l’Environnement et de la Transition écologique, les écosystèmes de mangrove jouent un rôle extrêmement important pour le Sénégal et pour le monde entier. « Au Sénégal, nos mangroves ont deux écosystèmes similaires avec le delta du fleuve Gambie et le delta du fleuve Sénégal. Ils jouent un rôle de protecteur, nourricier, sanitaire, écologique, entre autres « , dit-il. Et de renchérir: » La protection des îles qui sont autour de ces écosystèmes de mangroves prouve déjà que ces écosystèmes jouent un rôle extrêmement important. Aujourd’hui, quand on parle de la direction des aires marines communautaires protégées, c’est dire que les savoirs endogènes sont extrêmement importants dans la gestion de ces écosystèmes, mais le savoir scientifique est extrêmement important de même que d’instaurer un dialogue entre le savoir endogène et celui scientifique ». Il fait noter que les mangroves font face à des menaces à savoir l’exploitation, le déboisement et surtout la mise en place des infrastructures. « Les femmes interviennent à 100% sur ces écosystèmes de mangroves. Elles sont dans la récolte, tout simplement, et l’accueil des fruits de mer qui viennent s’agripper sur ces écosystèmes de mangroves », dit-il.