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on - Sat at 12:45 PM -
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Si vous aviez aimé le Covid 19, alors vous allez adorer cette nouvelle pandémie qui se répand à travers le monde, sans faire forcément les titres de la presse, peut-être pour cacher le danger qu’elle représentait alors que ses effets sont déjà désastreux !
Ce n’est pourtant pas une pandémie du genre à vider les rues mais plutôt à les remplir, ou à condamner les habitants de la terre entière au confinement, mais elle sera plus meurtrière que celle qui l’a précédée, avec cette différence qu’elle ne se contentera pas de tuer les êtres humains et qu’elle peut aussi détruire jusqu’aux fondement de notre commun vouloir de vie commune, emporter des pans entiers de la liberté dans le monde et accroitre l’inégalité entre les nations et entre les hommes.
C’est une pandémie, au sens étymologique, c’est-à-dire un mal dont la dissémination est rapide et qui pourrait traverser les frontières et s’étendre à l’échelle mondiale. Elle est là pour des années, voire des décennies. Ni l’OMS (qui d’ailleurs n’a plus les moyens de ses ambitions), ni aucune autre institution ne peut arrêter son expansion, aucun organisme international n’a pris l’initiative de lancer sa phase d’alerte, aucun dispositif n’a été mis en place pour arrêter sa progression, aucun masque ne peut arrêter.
Enfin, c’est sur un terrain où on ne l’attendait pas, en Europe, qu’elle a ressurgi après une longue hibernation. Elle s’est déjà solidement installée en Hongrie et en Italie, elle est devenue incontournable en Finlande, aux Pays-Bas, en Géorgie, en Slovaquie, elle progresse en Roumanie, en Pologne, au Royaume Uni, en France en Allemagne et même en Suède … Elle s’est exportée jusqu’en Argentine et au Salvador…
L’expérience nous a appris à nous méfier de ce qui vient d’Europe car, depuis 2000 ans, c’est de ce continent, que sont parties toutes les grandes catastrophes qui ont abimé l’Humanité ou provoqué une extermination massive de populations autochtones : l’invasion des Amériques, la colonisation de l’Afrique, la grippe dite espagnole ou le nazisme…
Ce n’est pas le sujet de mon propos (mais comme on dit : daxx sa ganaar…) mais il n’est pas superflu de rappeler que l’arrivée des Européens dans les Amériques est pire qu’une pandémie puisqu’elle a fait disparaitre 90% de la population indigène (par les armes, la propagation de maladies infectieuses, le travail forcé, le nettoyage ethnique, etc.) et provoqué (déjà) une hausse de la température de plusieurs degrés.
Ce nouveau fléau n’est pas un fléau inconnu. Je ne connais pas son nom scientifique mais il était apparu il y a quelques décennies, sous celui de fascisme. Sa zone d’expansion est plus vaste aujourd’hui et on préfère le désigner sous les doux euphémismes d’extrémisme de droite, de populisme ou « d’illibéralisme ».
Les virus qu’il véhicule eux, n’ont pas changé, ils s’appellent nationalisme exacerbé, rejet des institutions démocratiques, contrôle ou censure des médias, rejet de l’autre, mépris des pauvres, exclusion, intolérance, violation du droit international, invocation d’une imaginaire complicité judéo-chrétienne et négation de l’héritage du Siècle des Lumières. Il honnit l’Islam, considère que l’immigration est la grande calamité du siècle et la cause de tous les maux, qu’il ne suffit pas de l’éteindre mais qu’il faut procéder à l’expulsion massive des immigrés et au démantèlement du droit d’asile. Sa priorité, c’est de construire des murs, des remparts de pierres et de feu ou des barrières douanières qui vont transformer le monde en un parcours du combattant.
Longtemps cachée comme une maladie honteuse, cette pandémie n’aurait eu qu’une portée limitée si elle n’était pas aux portes des trois plus grandes puissances européennes, où l’arrivée au pouvoir de Marine Le Pen, de Nigel Farage ou d’Alice Weidel parait inéluctable. Mais ce qui la rend encore plus dangereuse c’est qu’elle se conjugue avec le retour au pouvoir de Donald Trump, qui non seulement ne fait rien pour l’arrêter, mais la parraine quand il ne la finance pas.
Pour la première fois dans l’histoire des Etats-Unis des chefs de gouvernements étrangers ont été invités à la prestation de serment de leur président et ils appartenaient à des partis populistes. Pour son deuxième mandat Trump ne cache pas son ambition de « césariser » la fonction de président des Etats-Unis, d’être le roi du monde et de se construire un nouvel empire qui dépasse le cadre de son pays. Les pandémies ne l’effraient pas. C’est lui qui avait dit que le coronavirus était un « virus chinois » et que le Covid disparaitrait par simple injection de désinfectants, et même si son pronostic avait couté aux Etats-Unis 400.0000 morts et 23 millions de malades, il n’en démord pas. Il se considère comme un spécialiste des grandes catastrophes et pour lui, la prolifération de « démocraties illibérales » est un don du Ciel et leurs dirigeants sont ses alliés.
« Alliés » n’est peut-être pas le terme le plus approprié car les relations qu’il entretient avec ceux-ci sont d’ordre ancillaire. Il n’est pas qu’un gourou qui écrase tout sur son passage, les lois, les droits, la vérité. Il est Dieu !
Comme il ne supporte pas la contradiction, il tonne comme Zeus, il vocifère et menace, il est plus colérique qu’Archibald Haddock, mais à la différence de celui-ci, il ne se contente pas de jurons de marin. Il faudrait vérifier auprès du Pr Djibril Samb, le généalogiste de la Grèce ancienne, si le roi des dieux grecs proférait des injures, mais pour ce qui le concerne, Zeus-Trump ne s’en prive pas. Il insulte à tout va, de préférence en présence de la presse, en termes crus, de ceux qu’on écrit habituellement avec une lettre suivie de points de suspension. Il n’insulte pas que ses bêtes noires, CNN, le New York Times ou les juges fédéraux. Il s’en prend aussi à ses collègues et à ses alliés et le plus étonnant c’est que ça marche et tous sont terrifiés à l’idée de se retrouver avec lui dans le Bureau Ovale. Il peut dire de Poutine qu’il fait des c…….., claquer la porte du sommet du G7, sans explication, en se faisant remplacer par un grouillot de base ou contraindre les Européens à doubler voire tripler leur budget de la défense, y compris par des Etats qui n’en peuvent plus. Comme la France, paralysée par un inextricable déficit budgétaire.
C’est ce qu’a compris Zelenski qui, après avoir subi ses foudres au Bureau Ovale, a sagement fait le sacrifice, à La Haye, de sortir sa veste de la naphtaline pour cacher le tee shirt qui était devenu sa marque de fabrique. Il s’est trouvé des chefs d’Etat africains, pour le traiter d’homme de paix, « nobélisable », alors qu’il venait de violer les lois internationales en bombardant un Etat situé à des milliers de kilomètres et qui ne constituait nullement une menace existentielle pour son pays ! Comme Dieu est loin, le Secrétaire Général de l’OTAN et ancien Premier ministre a préféré l’appeler « Papa ». Peut-être parce qu’il a eu vent des beaux jours où Bokassa désignait De Gaulle par le même nom, à la différence que si le Général était outré par ce cirage de bottes, Trump lui s’en délecte !
La pandémie née en Europe centrale a traversé l’Atlantique mais elle s’est heurtée aux aspérités des côtes de l’Est des Etats-Unis. Et à défaut de pouvoir transformer son pays en démocratie « illibérale », Donald Trump s’est érigé en chantre d’un néo fascisme antidémocratique et ultranationaliste.
Le premier à y trouver son compte c’est Netanyahou, dont les seuls amis dans le monde sont ces « démocraties illibérales », ce qui est un reniement des principes fondateurs de l’Etat d’Israël et une trahison de l’héritage de Itzhak Rabin. Trump est le seul à oser l’engueuler sans se faire traiter d’antisémite, mais il est aussi le garant de l’impunité de l’état hébreu. Mais, si comme il le dit, Macron ne comprend rien à rien (et venant de sa part cette insulte devrait pousser le président français se jeter dans un puits !), il n’a pas compris que parmi les petites divinités qui composent son panthéon, il y a un dieu manipulateur, Minerve-Netanyahou, et que dans son entourage le chef de la CIA porte le surnom de « secrétaire du Mossad », celui qui lui transmet les desiderata du Premier ministre israélien sans faire mention de ses sources.
Comme l’a chanté Bob Dylan, on peut se demander combien il lui faudrait d’oreilles pour entendre les pleurs des enfants de Gaza ? Combien de fois lui faudrait-il tourner la tête en prétendant qu’il ne voit rien, alors qu’aucune bête au monde n’a jamais commis des actes comparables à ceux que les colons juifs commettent en Cisjordanie et à Gaza, où se déroule un génocide sordidement lucratif et où même les distributions d’aliments sont accompagnées de massacres, est devenue, à l’image du Sud-ouest africain sous occupation allemande, un laboratoire des horreurs qui seront portées à l’échelle du Proche et du Moyen Orient ?
La sainte alliance entre Donald Trump et les régimes populistes a étouffé le droit international et la diplomatie, mit fin à l’inviolabilité des frontières, fragilisé et discrédité les institutions internationales créées au lendemain de la Deuxième guerre mondiale pour préserver la paix dans le monde et garantir les droits à la santé et à l’éducation de tous.
On peut désormais dire de la démocratie ce que Paul Valéry avait dit de l’Europe après les désastres de la Grande Guerre : sa mort est devenue concevable ! Cette mort serait une désillusion car elle aurait été précipitée par le pays sur lequel on comptait le plus pour la préserver, à la fois en raison de son histoire, de la solidité de ses institutions, de son poids politique économique et intellectuel et de sa diversité religieuse et ethnique.
Pour nous Africains cette mort serait une catastrophe car la démocratie serait passée sans que nous l’ayons vraiment pratiquée. Nous en sommes encore à regretter les pères fondateurs de nos pays, qui n’étaient pourtant pas des modèles de démocrates. Une douzaine de nos pays sont dirigés par des militaires ou d’anciens militaires qui ont accédé pour la première fois au pouvoir par les armes, une demi-douzaine de nos chefs d’Etat ont 80 ans ou plus et sont, pour certains, à la tête de leurs pays depuis 40 ans ou plus, et aucun d’entre eux n’est prêt à renoncer au pouvoir. Enfin, pour balayer devant notre porte, après deux alternances les Sénégalais continuent encore à manifester pour réclamer la préservation du droit d’expression !
Voilà pourquoi nous ne pouvons pas cacher notre tristesse lorsque le chef d’un parti qui a déjoué tous les pronostics et fait la démonstration que le vrai pouvoir appartient au peuple dit, en substance, que la démocratie est une illusion et un piège, que « les pays qui ont décollé ces dernières années » s’en sont bien passée, que « ce n’est pas parce qu’on est arrivé au pouvoir de manière démocratique qu’on n’est pas un révolutionnaire ! ».
Cela me rappelle étrangement les propos de cette professeure qui fut l’icône médiatisée de l’université Harvard avant d’être débarquée de son piédestal, selon lesquels « la malhonnêteté peut mener à une grande créativité »
L’article La nouvelle pandémie Par Fadel Dia est apparu en premier sur Sud Quotidien.