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Alors que le Sénégal se remet lentement des tensions politiques et sociales qui ont marqué la période 2021-2024, une nouvelle séquence s’ouvre avec la saisine du procureur de la République par le ministre de la Justice, en vue de l’enclenchement de poursuites contre certains auteurs présumés des violences passées. Cette démarche, motivée par le rejet d’une loi interprétative par la juridiction compétente, suscite des réactions contrastées. Du côté du parti au pouvoir, on exulte, considérant qu’il s’agit là d’un rétablissement de l’autorité de l’État. En parallèle, d’anciennes figures politiques voient leurs domiciles saccagés — des actes condamnables, même en l’absence de pertes humaines, car la tentative d’agression reste une infraction pénale.
Mais au-delà de l’émotion et de l’agenda judiciaire, une vérité fondamentale mérite d’être rappelée : le Sénégal n’a pas connu l’apartheid, ni la guerre civile. Et pourtant, aujourd’hui, des fractures graves menacent sa cohésion nationale.
L’heure n’est pas à la vengeance, mais à la lucidité
Il est impératif de sortir de la logique de règlement de comptes, aussi légale soit-elle. Le droit n’a de sens que s’il contribue à la paix, à la justice équitable et à la réconciliation durable. À trop vouloir punir, on risque de raviver des plaies encore béantes, de précariser davantage une société déjà sous tension, et de fragiliser les fondations d’un vivre-ensemble que les Sénégalais ont patiemment bâti depuis l’indépendance.
En matière de justice, l’intelligence consiste à ne pas transformer le tribunal en prolongement des luttes politiques. La République ne peut se permettre d’échouer là où elle devrait exceller : garantir l’unité dans la diversité, et assurer à chaque citoyen sa dignité, quelle que soit son opinion.
L’Afrique nous regarde
Le Sénégal a longtemps été cité comme le phare démocratique de l’Afrique de l’Ouest. Une nation stable, respectueuse des libertés, et éprise de dialogue. Si cette image est encore vivante dans certains esprits, elle est sérieusement entamée dans les faits. Et pourtant, jamais les enjeux n’ont été aussi cruciaux : transformation économique, intégration sous-régionale, transition écologique, emploi des jeunes… autant de défis que nous ne pourrons relever sans une société apaisée.
Le Sénégal doit être à l’avant-garde d’une Afrique nouvelle, consciente que le développement ne prospère que dans la paix. Une paix fondée sur la justice, mais aussi sur la réconciliation et la mémoire partagée. Une paix qui ne humilie pas, qui ne divise pas, et qui n’instrumentalise pas les institutions à des fins de domination politique.
Cultivons notre héritage : la démocratie, pas la revanche
Notre pays n’a pas besoin d’un cycle de représailles sans fin. Il a besoin d’un sursaut moral et collectif, d’un dépassement. Ce dépassement n’appelle ni l’oubli, ni l’impunité, mais une justice restaurative, qui soigne, qui explique, qui réconcilie.
Le Sénégal peut encore choisir la hauteur, la sagesse, et la construction. Le moment est venu de sortir des calculs politiques et de penser en nation. Car il n’y aura ni émergence, ni justice sociale, sans cohésion nationale, stabilité démocratique et confiance partagée.
Le peuple sénégalais, dans sa maturité, ne demande pas la guerre des camps : il aspire à la paix des consciences.
Boubacar BIAYE
Ancien Député et Président du Conseil départemental de Sedhiou
Doctorant en Diplomatie et Relations internationales
Expert Conseil en Développement durable et Pacte mondial
Membre Fondateur de l’Académie des Experts internationaux France.
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