On aime sans doute les débats qui polluent l’atmosphère. Le débat sur la motion de censure en est un. C’est vrai que c’est une prérogative des députés ou de l’assemblée nationale.
Et qu’en 2022, les députés de Yewwi Askan Wi coalition aujourd’hui au pouvoir n’ont pas hésité à en user, mais ce n’est pas une raison d’agiter le débat. Car, jusqu’ici, les relations entre les tenants du nouveau pouvoir et de l’ancien étaient empreintes de cordialité. Et que la victoire de Yewwi et de Pastef ne sera effective que s’ils ont la majorité à l’assemblée. Ce qui n’est pas encore le cas. Mais une telle motion de censure dont l’objectif est de faire tomber Ousmane Sonko et son Gouvernement n’aurait actuellement aucun sens.
La majorité actuelle au Parlement n’a pas intérêt à entretenir l’animosité. D’autant plus que le Président actuel, Bassirou, est encore très populaire et qu’il pourrait, jusqu’en septembre, gouverner par ordonnance. Bien sûr, il a aussi besoin de l’apport de l’opposition actuelle, de sa collaboration. Ne serait-ce que dans le vote de certaines lois notamment pour supprimer les institutions visées comme le Cese, le Hcct et d’autres.
Donc, chaque camp a besoin de la collaboration de l’autre.
C’est pourquoi d’ailleurs, il n’est pas superflu de rappeler que des médiations et des discussions ont eu lieu entre Sonko et Macky bien avant leur sortie de prison. Et que ce « protocole du cap manuel » va longtemps continuer de guider leurs relations.
Car, en toile de fond, c’est Macky qui dirige la coalition Benno bokk yakaar.
Et que même s’il n’y a pas officiellement de vote impératif au Sénégal, les députés continuent à obéir directement aux injonctions de leur leader politique. Et nous voyons mal que Macky donne des orientations dans le sens d’une motion de censure. Ce serait maladroit et contre-productif. D’ailleurs, si l’opposition manœuvre bien, Diomaye peut ne pas être obligé de dissoudre l’Assemblée à partir de septembre.
Assane Samb