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Gaussou Gueye, président de l’Association pour la promotion et la responsabilisation des acteurs de la pêche artisanale maritime (Aprapam), dresse un bilan sans concession de la situation halieutique nationale, un an après la non-reconduction du protocole de pêche avec l’Union européenne. Loin des simplifications, il appelle à une évaluation urgente et alerte sur des défis structurels bien plus profonds.
Une évaluation promise demeure mais toujours attendue, tel le constat fait .M. Gueye rappelle d’emblée une nuance de taille : si le protocole avec l’UE n’a pas été renouvelé, l’accord-cadre de partenariat, lui, reste en vigueur. Surtout, il déplore l’absence de l’évaluation indépendante qui avait été promise par les autorités pour objectivement mesurer l’impact des navires européens. « Jusqu’ici, à ma connaissance, je n’ai aucune information par rapport à cette évaluation », affirme-t-il. Pour lui, ce rapport est indispensable pour comprendre la réalité des retombées de leur départ.
LA RAREFACTION PERSISTE : LES EUROPEENS ETAIENT-ILS LES SEULS RESPONSABLES ?
La question est au cœur de son analyse. « La raréfaction des ressources persiste. Est-ce que réellement, c’était les bateaux européens ? », s’interroge-t-il. Le président de l’Aprapam refuse un discours manichéen et pointe du doigt un problème fondamental : « Le problème du Sénégal, c’est un problème de gouvernance globale ».
Il élargit le champ des responsables au-delà des seuls Européens. « En dehors des bateaux européens, il y a d’autres bateaux qui évoluent au Sénégal sous société mixte. Et ces bateaux-là, qu’est-ce qu’ils pêchent ? ». Il n’épargne pas non plus certaines pratiques within the pêche artisanale, évoquant des techniques non orthodoxes comme « des scènes tournantes qui utilisent des filets de 2 km ».
L’EXPORTATION DES PETITS PELAGIQUES CONSTITUE UN PARADOXE INSOUTENABLE
Le sujet qui semble le plus indigner Gaussou Gueye est celui de l’exportation massive des petits pélagiques (sardinelle, yaboy), le « poisson du peuple ». Il dénonce un paradoxe brutal : « On exporte vers les autres pays de la sous-région du poisson que les Sénégalais devaient consommer et dont le carburant a été détaxé. Est-ce qu’en réalité, on n’est pas en train de subventionner la consommation des autres ? »
Cette pratique, selon lui, sape directement la souveraineté alimentaire du Sénégal. Il défend une vision holistique de cette souveraineté, qui « c’est depuis la capture jusqu’à sa valorisation, la consommation et la commercialisation ». Il met en garde : « Si ce poisson devient introuvable, ça pose des problèmes de stabilité sociale » pour les populations les plus modestes.
UN APPEL A LA RAISON ET A UNE GOUVERNANCE RENOUVELEE DEMEURE UN IMPERATIF
Plutôt que de se renvoyer la balle entre secteurs artisanal et industriel, M. Gueye appelle à une prise de conscience collective et à une action résolue des autorités. Il plaide pour une transparence totale sur les activités de pêche et une révision de la politique d’exportation pour prioriser l’accès des Sénégalais à leur propre ressource.
Un an après un choix politique salué par beaucoup, le message de l’Aprapam est clair : le départ des Européens n’était qu’un premier pas. La véritable reconquête de la souveraineté halieutique, qui passe par une gestion durable, transparente et équitable au profit des Sénégalais, reste entièrement à écrire.
Samba Niébé BA
L’article Pêche au Sénégal – un an après le départ des européens : l’APRAPAM alerte sur une crise de gouvernance et une menace sur la souveraineté alimentaire est apparu en premier sur Sud Quotidien.