La Banque mondiale prépare un financement de 250 millions de dollars pour accompagner l’accélération digitale du Maroc sur la période 2026-2030. Une enveloppe qui s’inscrit dans la stratégie « Digital Morocco 2030 », pierre angulaire des ambitions technologiques du Royaume.
La Banque mondiale est en train de finaliser un appui financier majeur en faveur du Maroc pour soutenir un programme de transformation numérique étalé sur quatre ans. Cette opération, qui doit être validée au début de l’année 2026, s’intègre dans la stratégie « Digital Morocco 2030 », dont le budget global atteint 750 millions de dollars. Le ministère de la Transition numérique pilotera ce chantier en coordination avec celui de l’Économie et des Finances, emprunteur officiel du projet.
Ce financement arrive à un moment charnière. L’économie marocaine montre des signes de reprise, mais continue de faire face à des fragilités structurelles : disparités régionales, difficultés d’adéquation entre formation et besoins du marché, faiblesse de la digitalisation des TPME et lenteur de la création d’emplois qualifiés. La stratégie nationale, lancée en septembre 2024, ambitionne justement de combler ces écarts, de renforcer l’attractivité du pays et de positionner le Maroc parmi les hubs numériques les plus dynamiques du continent. Elle prévoit la création de 240.000 emplois directs et une contribution additionnelle de 100 milliards de dirhams au PIB d’ici 2030. Pour l’heure, l’économie digitale ne pèse que 4,5 % du PIB, un niveau encore éloigné de son potentiel.
Le plan marocain s’articule autour de deux priorités : la modernisation des services publics en ligne et la dynamisation de l’économie numérique. Malgré les avancées enregistrées ces dernières années, le score du Maroc dans l’Indice d’e-gouvernement de l’ONU a reculé, passant de 0,73 en 2018 à 0,56 en 2024, signe que les plateformes existantes manquent encore d’intégration et d’efficacité. Sur le versant économique, l’écosystème des startups montre une vitalité certaine, avec 470 jeunes pousses ayant levé 177 millions de dollars en 2024, mais il reste handicapé par des lacunes réglementaires, l’absence d’un cadre officiel pour définir la startup, et des procédures de marchés publics peu adaptées aux rythmes de l’innovation. Le secteur de l’offshoring, lui, doit composer avec l’automatisation et les mutations réglementaires internationales.
Pour accélérer cette dynamique, la stratégie repose sur trois moteurs clés : le développement des talents numériques, la montée en puissance du cloud et des centres de données, et l’amélioration de la connectivité. Former 50.000 spécialistes chaque année nécessitera des efforts dépassant les initiatives existantes. Le pays compte aujourd’hui 12 data centers et mise sur la stratégie « Maroc Cloud » pour renforcer sa souveraineté numérique et attirer les grands acteurs mondiaux. La connectivité demeure un défi épineux, avec une fracture persistante entre zones urbaines et rurales : seuls 4,7 % des foyers ruraux disposent d’un accès fixe, contre 36,7 % en ville.
À ces moteurs s’ajoutent deux leviers transversaux déterminants : l’intelligence artificielle, domaine dans lequel le Maroc multiplie les initiatives malgré une position modeste (79ᵉ dans l’Indice mondial 2024), et l’usage inclusif du numérique, freiné par un écart persistant entre hommes et femmes, particulièrement dans les régions rurales.
L’appui de la Banque mondiale se structure autour de deux volets. Le premier vise à moderniser les services d’e-gouvernement, à renforcer l’interopérabilité des systèmes, à généraliser l’approche « Cloud First » et à étendre le haut débit dans les zones encore peu desservies. Le second volet porte sur la compétitivité du secteur numérique : intégration accrue de l’IA dans les startups, soutien aux entreprises d’offshoring et aux PME, adoption d’outils digitaux avancés et développement de compétences certifiées pour ancrer le Maroc dans les chaînes de valeur mondiales.
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