Des vidéos virales montrant des produits alimentaires « importés » vendus à prix cassés ont déclenché une importante opération de contrôle menée par l’Administration des douanes. Derrière ces offres séduisantes, les autorités suspectent un réseau bien organisé de contrebande opérant à l’échelle nationale, au mépris des normes sanitaires et fiscales.
Depuis quelques semaines, des vidéos largement relayées sur TikTok et d’autres réseaux sociaux dévoilent des étals regorgeant de produits alimentaires « importés » vendus à des prix défiant toute concurrence. Mais cette vitrine séduisante a rapidement éveillé les soupçons des autorités.
Selon des sources bien informées de Hespress, ces images ont mobilisé en urgence les équipes de contrôle relevant de l’Administration des douanes et impôts indirects. La cellule de veille et d’analyse des risques a ordonné le lancement d’une série de contrôles sur le terrain, en coordination avec les services économiques des préfectures, pour inspecter les points de vente concernés, afin de remonter à la source de ces produits et vérifier la légalité de leur présence sur le marché.
Les premiers éléments recueillis font état d’une entrée frauduleuse de marchandises via des circuits de contrebande, de manipulations de factures et de falsification des dates de péremption. Des réseaux spécialisés, parfaitement structurés, opéreraient depuis des entrepôts situés en périphérie des grandes villes, souvent proches des grands axes routiers, afin d’alimenter discrètement un marché parallèle en pleine expansion.
Les autorités douanières prévoient ainsi des perquisitions simultanées dans plusieurs entrepôts et points de vente, notamment à Casablanca, Salé, Kénitra et Tanger. Pour cela, elles comptent s’appuyer non seulement sur leurs propres agents, mais également sur les autorités locales, tels que les moqaddems et chioukhs, afin de surprendre les contrevenants et les empêcher de maquiller leurs activités avec de fausses factures, une méthode déjà bien rodée par ces réseaux.
Ce phénomène connaît une recrudescence en été, période propice à une forte consommation. Les douaniers ont été informés de l’intensification de ces activités illicites à cette période, sous couvert de promotions agressives et campagnes de déstockage, parfois déguisées sous l’étiquette trompeuse de « promotions » ou « liquidations ».
En dépit des efforts menés jusqu’ici, les sanctions judiciaires à l’encontre des contrevenants restent relativement légères. Souvent, les seuls délits constatés se limitent à la détention de produits périmés, passibles de peines n’excédant pas deux ans de prison. Pour renforcer leur action, les services de contrôle comptent désormais vérifier en temps réel la légalité des documents fournis par les vendeurs, notamment les factures, en collaboration étroite avec la Direction générale des impôts.
Ces dernières années, l’Administration des douanes, en partenariat avec les ministères de la Santé, de l’Agriculture et l’Organisation mondiale des douanes (OMD), a renforcé sa lutte contre la contrebande alimentaire. Des centaines de tonnes de marchandises impropres à la consommation ont été saisies, incluant des viandes congelées, poissons, fromages et autres denrées en violation des normes sanitaires.
Mais les réseaux de contrebande, eux, ne désarment pas. Profitant de l’inflation et de la flambée des prix, ils réussissent à écouler leurs produits rapidement, hors de tout contrôle. Face à cela, l’Etat entend resserrer l’étau, traquer les fraudeurs jusque dans leurs caches et mettre fin à un commerce clandestin qui menace à la fois la santé publique, l’économie nationale et l’équité du marché.
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