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Les services de contrôle interne d’un important groupe bancaire ont mis au jour, au cours d’un audit en cours, de graves irrégularités liées à des factures portant sur des équipements industriels et du matériel technique. Ces factures, présentées dans le cadre du programme de soutien aux très petites entreprises et aux porteurs de projets « Intelaka« , concernent des biens qui, selon les numéros de série et les références déclarés, ne sont pas disponibles sur le marché marocain.
Hespress a appris de sources bien informées que les investigations, menées de manière ciblée, ont révélé un lien direct avec des sociétés spécialisées dans la production de factures et de documents d’importation falsifiés. Ces informations ont été obtenues par la banque grâce à des demandes officielles adressées, par voie judiciaire, à l’Administration des douanes et à la Direction générale des impôts.
D’après les mêmes sources, certains demandeurs de crédit, assistés par des comptables, ont eu recours à des plateformes commerciales en ligne pour rechercher du matériel chinois affichant des prix élevés. Ils en ont copié les références et les numéros de série pour les intégrer à des factures émanant de sociétés fictives ou inactives, dont l’activité se limite à la fabrication de documents comptables. L’objectif était de convaincre les services chargés d’instruire les dossiers de crédit, en particulier à l’échelle centrale, que des garanties matérielles solides étaient disponibles – des équipements et machines théoriquement saisissables en cas de non-remboursement des prêts.
Mais dans la réalité, les bénéficiaires ont rapidement contourné l’étape d’achat de ces équipements prétendument financés. Les chèques, libellés au nom des sociétés fournisseuses, ont été encaissés pour ensuite leur permettre de récupérer en espèces la totalité des montants, grâce à l’absence de contrôle a posteriori.
Les sources de Hespress ont confirmé que l’audit a relevé plusieurs décisions de refus de financement, officiellement justifiées par des lacunes dans les études de faisabilité, ou par l’exclusion de certaines factures émises par des fournisseurs identifiés. Toutefois, les mêmes dossiers ont parfois été acceptés après réduction du montant des crédits demandés. Les dysfonctionnements constatés s’étendent jusqu’à des soupçons de complaisance de certains responsables bancaires, qui auraient fermé les yeux sur la répétition de factures et certificats d’expertise falsifiés, apparaissant dans plusieurs dossiers. Ont également été identifiés des contrats de promesse de location fictifs, ainsi que des recommandations et rapports trompeurs ayant favorisé l’octroi de crédits à des entrepreneurs sur la base d’informations fallacieuses transmises aux comités centraux chargés d’évaluer les demandes de financement.
Face à la hausse préoccupante des impayés enregistrés dans le cadre du programme « Intelaka« , plusieurs groupes bancaires partenaires ont durci leurs conditions d’octroi de prêts. Cette politique ne s’est pas limitée à l’exclusion de certaines coopératives jugées risquées, mais s’est traduite également par la réduction des montants financés : 150.000 dirhams (soit 15 millions de centimes) pour les entreprises, et 100.000 dirhams (10 millions de centimes) pour les personnes physiques et les auto-entrepreneurs. Les établissements de crédit exigent désormais la présentation de certificats d’expertise valides, d’une étude de faisabilité rigoureuse, ainsi que de factures émises par des entreprises établies depuis au moins un an.
L’audit a enfin mis en lumière d’autres infractions, notamment l’implication de certains agents bancaires dans la vente d’études de faisabilité clonées, intégrées à des dossiers comportant de fausses données concernant les coûts prévisionnels et les bénéfices estimés sur les trois années suivant l’obtention du crédit. Ces informations erronées ont contribué directement à l’approbation de certains financements par les comités de crédit, aussi bien au niveau régional que central. D’autres responsables ont également été identifiés pour avoir facilité l’accès à des factures falsifiées, contre rémunération, en coordination avec des comptables et des entrepreneurs.
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