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Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) met en garde contre les nombreux obstacles qui freinent le développement de l’intelligence artificielle (IA) au Maroc. Bien qu’une prise de conscience de l’importance de cette technologie se renforce et que des initiatives prometteuses voient le jour, le pays peine à construire un écosystème technologique robuste et à intégrer l’IA dans divers secteurs.
Dans son avis intitulé « L’intelligence artificielle au Maroc : quelles utilisations et quelles perspectives de développement« , consulté par Hespress FR, le CESE révèle que « près d’un tiers des Marocains déclarent être familiers avec l’intelligence artificielle, tandis qu’environ un quart ont déjà utilisé des outils basés sur cette technologie ». En outre, les perceptions de l’impact de l’IA sont majoritairement positives : seuls 3 % des citoyens estiment que l’IA n’a pas d’effet bénéfique sur la société.
Le CESE pointe du doigt l’absence d’un cadre juridique spécifique pour l’IA au Maroc. Bien que le pays ait jeté les bases d’un écosystème numérique global, il manque encore des mécanismes concrets de gouvernance et de régulation pour favoriser l’adoption de cette technologie. « Les engagements nationaux et internationaux en matière de numérique peinent à se traduire en actions concrètes« , déplore le Conseil, qui qualifie cette lacune de « défi majeur » pour la promotion de l’IA.
Par ailleurs, le droit d’accès à l’information, inscrit dans la Constitution et encadré par la loi n°31.13, demeure peu appliqué. « La libération et la mise à disposition des données publiques restent limitées« , souligne le CESE, pointant cet accès restreint aux données comme un frein important à l’innovation.
Les startups spécialisées dans l’IA, bien que porteuses d’innovation, peinent à s’imposer dans un environnement des affaires jugé insuffisamment attractif. Le Conseil relève plusieurs défis : un accès limité au financement, un soutien structurel quasi absent, et des incitations encore rares. « Malgré quelques expériences réussies, le secteur demeure marginal« , constate le CESE, appelant à un soutien renforcé pour accompagner les jeunes entreprises, notamment en phase de croissance.
Le manque de compétences dans le domaine de l’IA représente un frein majeur au développement de ce secteur stratégique. Le CESE insiste sur la nécessité d’intensifier les efforts de formation : « Le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation prévoit d’accroître significativement le nombre de diplômés dans les technologies numériques d’ici 2030« . Toutefois, cette ambition est entravée par une pénurie de formateurs qualifiés à tous les niveaux, compromettant ainsi l’atteinte de cet objectif ambitieux.
Le Conseil met également en lumière le faible volume de recherches en intelligence artificielle, ainsi que leur inadéquation avec les besoins industriels du pays. « Les projets lancés restent souvent fragmentés et ne répondent pas aux priorités économiques et industrielles« , critique-t-il. L’absence de coordination entre les milieux académiques et industriels limite la capacité à développer des solutions adaptées aux enjeux stratégiques du Maroc.
Face à ces constats, le CESE appelle à une action urgente et coordonnée pour lever ces obstacles. La mise en place d’un cadre juridique adapté, l’amélioration de l’accès aux données, le renforcement des incitations pour les startups et une meilleure coordination entre la recherche et l’industrie sont autant de leviers nécessaires pour permettre au Maroc de pleinement exploiter le potentiel de l’intelligence artificielle, souligne le CESE.
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