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Un voyage plein de douleur et d’adieux a pris un tournant tragique pour Djamila Bentouis, artiste franco-algérienne, dont le retour en Algérie s’est soldé par une arrestation et une condamnation. Venue de Paris le 25 février pour dire adieu à sa mère mourante, elle s’attendait à un voyage intime et personnel. Mais, à son arrivée à l’aéroport, tout bascule.
En quelques heures, Bentouis, poétesse et chanteuse engagée, se retrouve face à une série d’interrogatoires qui culminent en une accusation grave : « appartenance à une organisation terroriste ». La justice algérienne la place en détention, ignorant l’aspect profondément culturel et contestataire de son travail artistique, qui avait trouvé un écho parmi les manifestants du Hirak.
Aussi, dans un contraste frappant mettant en lumière la dualité du système judiciaire algérien, le 4 juillet 2024, la militante franco-algérienne Djamila Bentouis a été condamnée à deux ans de prison ferme, alors même que le président mal nommé annonçait la libération de plus de 8 000 détenus par voie de grâce.
Pour comprendre la situation de Djamila Bentouis, il faut remonter au Hirak, ce mouvement de contestation politique et socio-économique qui a embrasé l’Algérie à partir de 2019. Né dans la rue pour s’opposer au cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika, ce mouvement a cristallisé des décennies de frustration, de colère, et surtout d’espoir pour un changement démocratique en Algérie.
Les poèmes et chants de Bentouis, chargés de patriotisme et de revendications populaires, sont rapidement devenus des symboles de la révolte. Ils résonnaient dans les marches, sur les réseaux sociaux et à travers les voix des manifestants. Ce qui était pour elle une manière de se reconnecter avec ses racines algériennes et de soutenir son peuple a été perçu par les autorités comme un acte subversif, voire terroriste.
L’accusation « d’appartenance à une organisation terroriste » portée contre Bentouis est d’une gravité extrême, et malheureusement, elle n’est pas un cas isolé. Le régime algérien, dans sa tentative de reprendre le contrôle d’un pays agité par des années de manifestations, a intensifié la répression des voix dissidentes. Toute opposition, qu’elle soit politique, sociale ou artistique, est souvent criminalisée sous l’étiquette de « terrorisme », une stratégie bien rodée pour museler la contestation.
Cette répression vise à étouffer le Hirak, dont l’héritage continue de troubler le régime en place. Pour Djamila Bentouis, la justice algérienne a choisi de faire d’elle un exemple, ignorant les appels à la raison de la communauté internationale. Pourtant, ses compositions n’étaient rien d’autre qu’une expression artistique de soutien à un mouvement légitime de protestation contre la corruption et l’injustice.
Des experts des Nations unies sont montés au créneau pour condamner la peine infligée à Djamila Bentouis, qu’ils qualifient de « totalement abusive ». « Nous sommes consternés par la méthode utilisée par le gouvernement algérien, qui consiste à étouffer un mouvement de contestation politique en procédant à des arrestations et des détentions arbitraires contre ceux qui osent élever la voix », ont-ils déclaré dans une déclaration conjointe, rendue publique lundi 30 septembre 2024.
Ils réclament l’annulation immédiate de cette condamnation et l’acquittement total de Bentouis, considérant les accusations portées contre elle comme étant « contraires aux principes du droit international ». Cependant, malgré ce soutien important, la cour d’appel algérienne persiste et maintient les charges.
L’affaire Bentouis ne fait que renforcer le sentiment d’une répression de plus en plus autoritaire en Algérie. Chaque nouvelle arrestation constitue une menace directe pour la liberté d’expression et de création dans le pays. Cette affaire, comme tant d’autres, sonne l’alarme pour ceux qui espèrent voir de véritables réformes démocratiques émerger en Algérie.
Malgré la tentative de la réduire au silence, l’œuvre de Djamila Bentouis continue de vivre à travers les voix de ceux qui luttent encore pour la liberté en Algérie. Ses poèmes et ses chants, repris par des générations entières de manifestants, incarnent cette résistance culturelle qui refuse de se plier à la tyrannie. Car si un régime peut emprisonner un corps, il ne pourra jamais emprisonner les idées qui s’en échappent.
Pour l’heure, l’artiste attend toujours que justice soit faite. Mais une chose est certaine : peu importe l’issue, Djamila Bentouis restera une figure de la résistance artistique en Algérie. Elle incarne une génération qui croit encore à un futur libre, et sa voix, malgré les murs de la prison, continue de porter loin.
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