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Le crime sordide qui a récemment secoué la ville de Ben Ahmed, où un individu souffrant de troubles mentaux a tué trois personnes, a mis en lumière les carences structurelles du système de santé mentale au Maroc. Cette tragédie a provoqué une onde de choc à l’échelle nationale, ravivant les débats sur la gestion des maladies psychiatriques et la prise en charge des personnes atteintes de troubles mentaux. Fatima Tamni, députée de la Fédération de la Gauche Démocratique (FGD), a saisi cette occasion pour interroger le gouvernement sur ses responsabilités dans ce domaine.
Dans une démarche proactive, la députée a adressé deux questions écrites aux ministres de l’Intérieur et de la Santé et de la Protection sociale (MSPS), les exhortant à clarifier les actions prises par l’État face à ce fléau social et sanitaire. Le crime de Ben Ahmed, qui a vu un individu atteint de troubles mentaux tuer trois personnes, a en effet révélé de profondes lacunes dans le système de soins psychiatriques et dans la gestion des personnes souffrant de pathologies mentales graves.
L’incident a fait ressurgir un problème récurrent : l’absence de mécanismes efficaces de prise en charge des malades psychiatriques. Les autorités locales ont révélé que le suspect était un individu connu pour ses antécédents criminels et pour ses troubles mentaux. Cette réalité met en lumière un point essentiel : le manque de structures adaptées et de suivi médical des personnes souffrant de troubles psychiques. Selon des témoignages des habitants de Ben Ahmed, le suspect avait fait l’objet de plusieurs plaintes, mais aucune mesure préventive n’a été prise pour l’empêcher de commettre de tels actes.
Fatima Tamni a ainsi dénoncé les « failles graves » du système de santé mentale au Maroc, en soulignant que l’absence de mécanismes de soins appropriés et de suivi social est une des principales causes de la répétition de ces tragédies. Pour elle, cette affaire est un signal d’alarme pour les pouvoirs publics afin de réformer de manière urgente les politiques de santé mentale dans le pays.
Dans ses questions écrites, Tamni a insisté sur la nécessité d’une révision en profondeur de la politique publique en matière de santé mentale. Elle a appelé à la mise en place d’une « stratégie d’urgence intersectorielle » pour prendre en charge les personnes souffrant de troubles mentaux, en veillant à respecter leur dignité et à garantir la sécurité publique. Pour la députée, une priorité absolue devrait être l’ouverture d’établissements spécialisés en santé mentale, accompagnée de mesures concrètes de suivi et de réinsertion des patients dans la société.
Elle a également soulevé un autre point de taille: le faible investissement public dans ce secteur. En 2021, les allocations de l’État pour la santé mentale ne représentaient que 2 % du budget global de la santé. Ce chiffre démontre l’insuffisance des ressources allouées à la santé mentale, un secteur souvent relégué au second plan malgré sa gravité.
Les données du Conseil économique, social et environnemental (CESE) renforcent cette inquiétude. Une enquête nationale a révélé qu’environ 48,9 % des Marocains âgés de 15 ans et plus ont souffert ou souffrent de troubles mentaux à un moment donné de leur vie. Cette statistique alarmante souligne la nécessité urgente d’une politique de santé mentale cohérente et efficace, capable de répondre aux besoins d’une population grandissante et vulnérable.
Le rapport du CESE met également en évidence la pénurie de structures adaptées pour la prise en charge des patients psychiatriques. Actuellement, le pays ne dispose que de 2.431 lits pour le traitement des troubles mentaux, un nombre bien en-deçà des besoins réels.
Au-delà des infrastructures, le manque de mesures préventives et de détection précoce est un autre maillon déterminant dans la gestion des troubles mentaux. Le cas de Ben Ahmed illustre tragiquement les conséquences de l’inaction des autorités locales, qui n’ont pas pris en compte les signaux d’alarme malgré les multiples plaintes déposées contre le suspect. Selon des sources locales, ces plaintes n’ont pas été jugées suffisamment sérieuses pour initier des mesures de protection ou de suivi.
Ainsi, l’absence de coordination entre les différents services publics (santé, sécurité, justice) dans la gestion de ces cas complexes constitue une lacune majeure. Pour la députée, il est impératif que le gouvernement mette en place une approche holistique, combinant soins médicaux, suivi social et réinsertion, afin de garantir la sécurité publique tout en assurant une prise en charge humaine et adaptée aux malades mentaux.
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