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on - Jan 5 -
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Après les problématiques soulevées concernant l’absence de décision claire du Maroc sur la langue d’enseignement et les signes d’un retour à la langue française au détriment de l’anglais, le ministre de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports, Mohamed Saad Berrada, a indiqué que son département avait pris «plusieurs mesures visant à équilibrer l’enseignement des langues, qu’elles soient nationales ou étrangères, conformément à la feuille de route pour la réforme du système éducatif 2022-2026 ».
Cette déclaration a été faite en réponse à une question écritedu député Ahmed Abbadi, membre du groupe parlementaire du progrès et du socialisme (PPS) à la Chambre des représentants. La question portait sur les difficultés liées au « manque de clarté sur le choix des langues d’enseignement ». Il y a critiqué l’incapacité du ministère à trancher sur cette question cruciale et dénoncé la décision de revenir sur l’engagement concernant l’introduction renforcée de l’anglais au profit du français, en raison d’accords signés avec l’Agence française de développement (AFD).
Selon le ministre, les mesures adoptées par le ministère se sont fixé trois objectifs principaux, à savoir renforcer les compétences de base des élèves, réduire le décrochage scolaire et promouvoir les valeurs de citoyenneté. Ces efforts incluent une révision complète des programmes scolaires et une amélioration des méthodes d’enseignement pour garantir une meilleure maîtrise des langues.
La loi-cadre 17-51, qui oriente cette réforme, insiste sur l’importance de la pluralité linguistique et de l’alternance linguistique. Cette approche vise à diversifier les langues d’enseignement, en intégrant les deux langues officielles du pays, l’arabe et l’amazigh, tout en renforçant l’acquisition d’au moins deux langues étrangères. L’objectif est de permettre à chaque titulaire du baccalauréat de maîtriser ces langues, garantissant ainsi une cohérence éducative à travers les différents cycles scolaires.
Dans le cadre du partenariat avec l’AFD, le ministre a annoncé la signature d’un accord de financement pour soutenir la feuille de route 2022/26. Cet accord, qui s’étend sur cinq ans, vise à améliorer les compétences linguistiques des élèves et des enseignants, en particulier dans les collèges pilotes. Ce programme permettra également, selon le ministre, de lutter contre le décrochage scolaire en renforçant les bases linguistiques des élèves.
Le ministère s’attelle également à introduire progressivement l’anglais dans les établissements scolaires. Cette réforme, qui commence par le cycle collégial, prévoit la généralisation de l’enseignement de l’anglais dans tous les niveaux du collège. De nouveaux curricula et des outils pédagogiques adaptés sont en cours de développement pour accompagner cette transformation.
Au niveau primaire, une phase expérimentale a été lancée lors de la rentrée scolaire 2023-2024. L’anglais est désormais enseigné en classe de sixième dans 26 établissements de la région Casablanca-Settat, une initiative qui pourrait s’étendre à d’autres régions si les résultats s’avèrent concluants.
Concernant l’amazigh, le ministre a souligné que son enseignement fera l’objet d’une généralisation progressive dans toutes les écoles primaires, y compris les annexes. La couverture devrait atteindre 50 % des établissements d’ici l’année scolaire 2025-2026.
Par ailleurs, des plateformes numériques sont mises à disposition pour faciliter l’apprentissage des langues. Ainsi, Altissia est dédiée au français et à l’anglais, Alef pour l’arabe, tandis qu’une nouvelle plateforme est en cours de développement pour l’amazigh.
Cependant, la question posée par le député Abbadi a également mis en lumière les contradictions perçues dans les choix stratégiques du ministère. Il a rappelé qu’en mars 2024, le Maroc avait signé avec l’AFD deux accords, un prêt de 130 millions d’euros et une subvention de 4,7 millions d’euros, pour financer la réforme du système éducatif. Ces accords, conclus à l’occasion de la Journée internationale de la langue française, soulèvent des interrogations sur la volonté réelle de diversifier les langues d’enseignement.
Selon le député, ces initiatives semblent renforcer la prééminence de la langue française, au détriment des engagements antérieurs visant à introduire l’anglais comme langue principale pour l’enseignement des matières scientifiques dans les lycées d’ici 2030. Une telle orientation, a-t-il ajouté, va à l’encontre des objectifs du pacte national pour l’éducation et la formation ainsi que de la loi-cadre, qui prônent une approche équilibrée et plurilingue.
Face à ces critiques, le ministère de l’Éducation nationale est appelé à clarifier sa vision linguistique pour répondre aux attentes des citoyens et aligner ses actions sur les ambitions de réforme exprimées dans les cadres stratégiques nationaux.
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