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Le Maroc, depuis 2008, célèbre la Journée nationale de la femme à chaque 10 octobre que Dieu fait. Une date qui se voulait un hommage au rôle essentiel des femmes dans la société marocaine, une reconnaissance des réformes qui ont marqué un tournant dans l’amélioration de leurs droits.
Pourtant, 16 ans plus tard, cette journée peine à trouver l’écho médiatique qu’elle mérite. La situation est encore plus alarmante lorsqu’on évoque la Journée internationale de la femme rurale, célébrée le 15 octobre, et qui, elle, disparaît presque totalement des radars.
Quelques années plus tard, en 2008, le 10 octobre fut institué Journée nationale de la femme marocaine, en hommage au discours royal de 2003 qui annonçait la réforme du Code de la famille (Moudawana), concrétisée par l’adoption d’un nouveau texte en février 2004.
Cette Journée nationale de la femme, instituée également pour mettre en lumière les acquis et les défis des femmes marocaines, reste largement sous-médiatisée. Les réformes historiques ont ouvert la voie à une société plus égalitaire. Toutefois, au-delà des discours officiels, la réalité quotidienne des femmes, surtout dans les zones rurales, montre que ces avancées n’ont pas toujours les retombées espérées.
Quant à la Journée internationale de la femme rurale, instaurée par l’ONU en 2007, elle se veut un hommage aux femmes des campagnes, véritables piliers du développement rural et agricole. Elles représentent une force économique cruciale, contribuant à la sécurité alimentaire et au tissu social dans des conditions souvent précaires. Pourtant, cette journée n’attire guère les feux des projecteurs, tant les femmes rurales restent absentes des débats publics.
La question des femmes rurales est symptomatique d’un mal plus profond : la marginalisation géographique et sociale de toute une partie de la population féminine marocaine. Bien que représentant une majorité dans les zones rurales, elles continuent de faire face à d’innombrables défis : analphabétisme, pauvreté, manque d’accès aux soins et à l’éducation, et exclusion des opportunités économiques formelles.
Ces femmes invisibles et négligées incarnent pourtant un modèle de résilience. Dans les champs, les marchés ou au sein de leurs foyers, elles travaillent sans relâche, souvent dans l’ombre. En dépit de leurs contributions, elles restent, pour la plupart, en dehors des réformes législatives qui se concentrent majoritairement sur les populations urbaines. La Journée nationale de la femme devrait être une occasion pour mettre en lumière leurs conditions.
Pourquoi la Journée nationale de la femme et celle de la femme rurale sont-elles si peu médiatisées ? La réponse réside peut-être dans la manière dont la société marocaine aborde les questions de genre et de ruralité. Dans un pays où les débats sur l’égalité des sexes peinent encore à captiver l’ensemble de la société, les célébrations en faveur des droits des femmes, surtout rurales, sont souvent vues comme secondaires, reléguées à la périphérie des préoccupations médiatiques.
Dans d’autres pays, ces journées sont l’occasion de bilans, de mobilisations sociales et politiques. Au Maroc, l’attention des médias semble se focaliser ailleurs, et les voix qui devraient porter ces enjeux se taisent, laissant un vide criant dans le débat public. Malheureusement, l’inaction médiatique continue de perpétuer leur invisibilité.
Les réformes législatives comme la Moudawana et les diverses initiatives en faveur des droits des femmes n’ont pas su, jusqu’ici, atteindre l’ensemble des Marocaines. En milieu rural, les conditions de vie précaires et l’isolement géographique perpétuent les inégalités. Les femmes rurales restent exclues des centres décisionnels et économiques, malgré les engagements de l’État à réduire les écarts sociaux.
De même, la Journée internationale de la femme rurale pourrait être un rendez-vous crucial pour repenser les politiques publiques en faveur de ces femmes marginalisées. Mais, en l’absence d’une couverture médiatique solide, ces journées sombrent dans l’oubli.
Après 16 ans d’existence, la Journée nationale de la femme et ses promesses semblent se perdre dans les méandres de l’indifférence, tout comme la Journée internationale de la femme rurale, qui souffre du même sort. Il est temps que l’on donne à ces journées la place qu’elles méritent dans le débat public. Car tant que ces célébrations continueront d’être ignorées, les droits des femmes, et surtout des femmes rurales, resteront, eux aussi, dans l’ombre.
Briser ce silence est un impératif pour une société réellement égalitaire. À l’heure où l’égalité des genres et la reconnaissance des contributions des femmes rurales devraient être des priorités, il est navrant de constater que ces journées sont négligées par la société et les médias.
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