Posted by - Senbookpro KAAYXOL -
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Dans des débats souvent superficiels, impertinents et pauvres en idées, cinéastes et critiques marocains ont tenté d’aborder les divergences entre téléfilms et films de cinéma sans jamais véritablement convaincre.
Pourtant, le téléfilm et le film de cinéma, bien qu’appartenant au même univers visuel, ne parlent pas la même langue.
Leur différence ne tient pas seulement à la technologie employée ou au lieu de diffusion, mais réside dans la conception même de l’image, dans la philosophie narrative, dans le rapport au spectateur et dans l’ambition artistique qui les anime.
Comme l’écrit André Bazin, « l’image n’est jamais ce qu’elle montre, mais ce qu’elle oblige à voir ».
C’est exactement dans cet espace de contrainte perceptive que se joue la séparation entre télévision et cinéma : deux formes de vision, deux formes de sensibilité et deux formes de pouvoir symbolique.
La télévision est un média étatique, directement ou indirectement. Elle doit, dans sa ligne éditoriale, se conformer aux normes de l’institution publique qui l’a autorisée à opérer.
Ainsi, le film télévisé répond à une logique de budget maîtrisé, pensée pour limiter le risque commercial tout en visant une audience large afin d’optimiser les revenus publicitaires. La chaîne de télévision, qui en finance souvent la production, impose donc une économie fondée sur le pragmatisme et le respect de la vision politique officielle. Comme le souligne le producteur américain John Ralford, le téléfilm reste « un format où l’efficacité prime sur la démesure ».
Le cinéma, en revanche, investit dans la prise de risque créatrice, dans ce qu’Umberto Eco décrit comme « l’économie de l’imaginaire ». Avec le cinéma la durée du tournage s’allonge, l’équipe s’élargit et l’univers visuel se complexifie. Robert Bresson résume parfaitement cette différence en disant que : « Le cinéma n’est pas l’art de la vitesse, mais l’art d’arracher du temps au temps ».
Le téléfilm cherche à produire une image claire, lisible et adaptée au cadres domestiques : Éclairage direct, mouvements limités, décors fonctionnels, l’objectif est d’assurer la compréhension immédiate.
Le cinéma, lui, propose une écriture de lumière. Les cadres deviennent un espace expressif et les ombres construisent un sens. Pour le chef opérateur Gordon Willis, « la lumière ne révèle pas le monde, elle le cache pour mieux le dévoiler ».
Au cinéma, l’image possède une dimension sensorielle et symbolique, et nécessite l’implication émotionnelle du spectateur.
Voici une version corrigée et clarifiée :
Le téléfilm adopte une narration rapide, car il doit retenir un spectateur susceptible de changer de chaîne à tout moment. Il ne doit pas « fatiguer » le public en l’amenant à trop penser, analyser ou critiquer. On lui présente ce qui lui est familier de la manière la plus simple possible, mais de façon très attractive. John Ellis parle à ce propos de « narration de l’instant télévisuel » : une continuité sans pauses, conçue pour maintenir l’attention.
Le cinéma, lui, construit une véritable expérience narrative. Les personnages évoluent, les émotions se déploient et les symboles s’accumulent. La réalisatrice iranienne Samira Makhmalbaf écrit : « Les personnages ne servent pas à dire ce qui arrive, mais à rendre ce qui arrive intelligible ».
C’est là toute la différence entre un récit conçu pour informer et un récit conçu pour transformer.
La télévision est un média domestique soumis aux distractions. Le spectateur peut se lever, parler, et être interrompu. Pour le spécialiste Canadien Marshall MC Luhan la télévision est un « medium froid », qui exige un effort d’interprétation constant.
Le cinéma, au contraire, crée un rituel. L’obscurité, la taille de l’écran, la qualité sonore, la concentration collective : tout concourt à produire une immersion totale. Le cinéaste Russe Andreï Tarkovski considère que « le cinéma crée un temps spirituel ». Il s’agit d’un temps que la télévision ne peut ni construire, ni maintenir.
Le téléfilm vit de l’audience, donc de la publicité.
Sa valeur est immédiate, ponctuelle, dépendante de son passage à l’antenne.
Le film de cinéma vit d’abord dans les salles, ensuite sur les plateformes, sa durée de vie s’étale, se renouvelle et se multiplie. C’est dans ce contexte que le chercheur Philippe Marion note que « le cinéma ne vend pas un film, il vend une expérience » alors que la télévision vend un contenu, le cinéma vend un monde.
Parce qu’il répond à une grille de programmation et à un public large, le film télévisé tolère peu le risque esthétique.
Le cinéma, lui, s’autorise l’expérimentation. Comme le disait Jean-Luc Godard, « le cinéma commence là où la télévision s’arrête »> Le cinéma n’explique pas : il propose, il questionne et il expose l’invisible.
En conclusion, le film télévisé et le film de cinéma ne s’opposent pas seulement par leurs conditions matérielles. Ils représentent deux visions différentes du monde :
– L’une pédagogique, orientée vers la compréhension immédiate.
– L’autre poétique, orientée vers l’exploration des possibles.
Pour reprendre les mots de Gilles Deleuze, « l’image cinématographique n’est pas un reflet, mais une puissance de recomposition du réel ». Ainsi et en somme, la différence fondamentale entre les deux formes est: la télévision montre le monde alors que le cinéma le recrée.
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