Le Conseil de la concurrence a publié son septième rapport de suivi consacré à l’exécution des engagements pris par neuf sociétés de distribution en gros de gasoil et d’essence, dans le cadre des accords transactionnels conclus avec l’institution. Portant sur le deuxième trimestre de l’année 2025, ce reporting apporte une lecture approfondie de l’évolution des importations, des coûts d’approvisionnement, des prix de vente, ainsi que des marges brutes dégagées par les opérateurs. Structuré en trois axes, le document analyse les tendances économiques du marché, examine la corrélation entre les cotations internationales et les prix nationaux, et observe les comportements commerciaux des distributeurs.
À fin juin 2025, le nombre de sociétés disposant d’un agrément pour importer les produits pétroliers liquides reste stabilisé à 32 opérateurs, un chiffre identique à celui de fin mars. Durant le trimestre étudié, le marché national a été approvisionné à hauteur de 1,72 million de tonnes de gasoil et d’essence, pour une valeur globale d’environ 10,93 milliards de dirhams (MMDH).
Si les volumes progressent légèrement de 4,2 % par rapport à la même période de 2024 (1,65 million de tonnes), la facture globale recule significativement : –22 % en valeur, comparée aux 14,03 MMDH du deuxième trimestre 2024.
Le gasoil continue d’écraser la structure des importations avec 87 % des volumes introduits au Maroc et 86 % de leur valeur totale. Quant aux neuf sociétés concernées par le reporting, elles représentent environ 81 % du volume total importé et 80 % de sa valeur.
Dans le détail, leurs importations atteignent 1,38 million de tonnes, contre 1,40 million de tonnes un an plus tôt, soit une contraction de 1,4 %. En valeur, la baisse est encore plus marquée : 8,78 MMDH au deuxième trimestre 2025, contre 11,96 MMDH en 2024, ce qui représente un repli de 26,6 %, soit 3,18 MMDH de moins.
Gasoil en repli en valeur, essence en forte croissance en volume
Selon le reporting du CC, l’analyse par produit fait ressortir des dynamiques contrastées. En effet, le gasoil voit ses importations croître légèrement en volume : 1,50 million de tonnes contre 1,47 million un an plus tôt (+2,4 %). Mais sa valeur chute, passant de 12,24 MMDH à 9,41 MMDH, soit –23,1 %. L’essence, de son côté, connaît une expansion notable : +31 000 tonnes, soit +16,7 %. Pourtant, la valeur des importations recule de 15 %, passant de 1,79 MMDH à 1,52 MMDH.
Quant aux recettes issues de l’importation du gasoil et de l’essence, ils atteignent 7,17 MMDH au deuxième trimestre 2025, quasiment au même niveau que l’année précédente (7,19 MMDH, soit un recul de 0,3 %).
Cette stabilité cache en réalité une dynamique contrastée entre les deux principales taxes. La TIC progresse de 5,49 MMDH, contre 5,23 MMDH en 2024, soit +4,9 %, représentant 76,6 % des recettes totales, tandis que la TVA à l’importation plonge de 14,8 % : 1,67 MMDH, contre 1,96 MMDH un an auparavant. Sa part tombe ainsi à 23,4 % du total.
Par produit, le gasoil reste le principal contributeur fiscal : 5,8 MMDH, soit 81 % du total, un montant néanmoins en baisse de 3 % par rapport aux 5,97 MMDH du deuxième trimestre 2024. L’essence génère 1,37 MMDH, en hausse de 12,3 %.
Le même rapport précise que les neuf sociétés étudiées participent pour 5,81 MMDH aux recettes globales, soit 81,1 % du total, dont 4,45 MMDH de TIC et 1,36 MMDH de TVA.
Stockage : une capacité nationale stable mais dominée par les neuf sociétés
Selon le rapport du CC, la capacité totale de stockage du pays demeure inchangée à 1,57 million de tonnes à fin juin 2025. Le gasoil représente 85 % de cette capacité. Les sociétés concernées par le reporting totalisent 1,27 million de tonnes, soit 81 % de la capacité nationale, confirmant leur rôle dominant dans la logistique pétrolière du pays.
En outre, le nombre de sociétés disposant d’un agrément provisoire pour la distribution de produits pétroliers liquides atteint 38 opérateurs fin juin 2025, contre 36 trois mois plus tôt, marquant l’arrivée de deux nouveaux acteurs.
Concernant les ventes des neuf sociétés en gasoil et essence (hors carburant marin), ils ont atteint 1,88 milliard de litres, en hausse de 3,8 % par rapport aux 1,81 milliard de litres de 2024.
Mais en valeur, le chiffre d’affaires diminue : 17,27 MMDH au deuxième trimestre 2025, contre 19,81 MMDH un an plus tôt (–12,8 %). Par ailleurs, le gasoil domine encore : 85 % des volumes vendus et 82 % de la valeur totale.
Stations-service : un réseau en expansion
Le réseau marocain atteint 3 617 stations-service à fin juin 2025, contre 3 573 fin mars, soit 44 nouvelles stations en trois mois. Les neuf sociétés concernées en exploitent 2 562, soit 71 % du total, en progression de 7 stations par rapport au trimestre précédent.
Les stations-service constituent en moyenne 72 % des ventes des distributeurs, confirmant leur rôle central dans l’écoulement des carburants.
Avant d’évaluer les marges brutes dégagées par les sociétés, le Conseil de la concurrence a analysé la relation entre trois indicateurs clés à savoir les cotations CIF du gasoil et de l’essence raffinés sur les marchés internationaux, les coûts effectifs d’approvisionnement supportés par les distributeurs et les prix de cession appliqués sur le marché national.
L’objectif : mesurer dans quelle mesure les fluctuations mondiales se répercutent sur les prix à la pompe et sur la structure des coûts déclarés par les opérateurs.
Selon le rapport, le deuxième trimestre 2025 se caractérise précisément par une distorsion majeure : des cotations internationales en baisse, une valeur des importations fortement réduite, tandis que les volumes continuent d’augmenter. Ce décalage constitue un élément central du suivi mené par le Conseil, dans un marché où les marges et la transparence des prix ont longtemps cristallisé les tensions.
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