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Quatre centrales syndicales marocaines, l’Union marocaine du travail (UMT), la Confédération démocratique du travail (CDT), l’Organisation démocratique du travail (ODT) et la Fédération des syndicats démocratiques (FSD), ont annoncé une grève générale de 24 heures pour le mercredi 5 février. L’objectif étant de protester contre la gestion du gouvernement de certains dossiers importants, en particulier le projet de loi sur la grève et l’érosion du pouvoir d’achat des travailleurs.
L’UMT, la CDT, l’ODT et la FSD ont décidé d’organiser une grève générale de 24 heures pour protester contre les politiques gouvernementales. En ligne de mire : le projet de la loi sur la grève, que les syndicats considèrent comme une tentative de limiter les droits des travailleurs, ainsi que la hausse du coût de la vie.
Si l’annonce d’une grève générale pouvait autrefois secouer l’économie et susciter une réaction immédiate du gouvernement, la situation semble avoir évolué. Aujourd’hui, la capacité de mobilisation des syndicats, la structure du marché du travail et les stratégies gouvernementales face à la contestation remettent en question l’efficacité de ce type de mouvement. Cette grève sera donc un véritable test pour évaluer la place des syndicats dans le rapport de force social et politique actuel.
Historiquement, les grèves générales ont marqué des tournants sociaux et politiques, en exerçant une pression significative sur le gouvernement et en paralysant certains secteurs stratégiques. Cependant, plusieurs signaux laissent penser que leur impact s’est atténué avec le temps. En effet, la base syndicale semble aujourd’hui moins solide qu’auparavant. Le taux de syndicalisation a diminué, notamment dans le secteur privé, où les travailleurs hésitent à suivre les appels à la grève, que ce soit par crainte de représailles ou par scepticisme quant à leur efficacité. La fragmentation du paysage syndical a également affaibli leur capacité à fédérer largement.
L’impact économique des grèves s’est aussi réduit. Alors qu’une grève générale pouvait autrefois perturber l’administration, les transports et divers services publics, les entreprises et les administrations ont développé des mécanismes d’adaptation. Le télétravail, notamment dans les services, permet de limiter les effets des arrêts de travail, tandis que certains secteurs maintiennent leurs activités malgré la mobilisation.
Face à ces nouvelles dynamiques, le gouvernement semble moins réactif aux grèves qu’auparavant. L’Exécutif privilégie le dialogue institutionnel et s’appuie sur sa majorité parlementaire pour faire avancer ses réformes, réduisant ainsi l’impact immédiat d’un mouvement social de courte durée. Par ailleurs, les réseaux sociaux et d’autres formes de contestation offrent aujourd’hui des canaux d’expression alternatifs, rendant la grève moins centrale dans les stratégie de pression populaire sur le gouvernement.
Une source ayant suivi de près la préparation du projet de loi sur la grève indique à Hespress Fr que l’appel à ce débrayage, indissociable du contexte législatif (où plusieurs projets de loi relatifs à l’exercice du droit de grève, à l’organisation syndicale et à la réforme du Code du travail), est une ultime carte de pression jouée par les syndicats pour faire pression sur le gouvernement et l’obliger à céder sur certains points.
Quant à son impact, notre interlocuteur ne croit pas que cette grève générale ait autant d’impact que celles du passé. “Elle aura un impact limité, en tout cas pas aussi important que les grèves générales qui ont marqué l’histoire du Maroc, car elle est menée plus dans une logique de pression et de négociation qu’autre chose”, estime cet expert, précisant que “cela dit, il y a peut-être un risque par rapport au climat social, avec notamment la hausse des prix et l’imminence de la réforme des retraites, ce qui pourrait donner un peu d’écho à ce mouvement, lequel serait néanmoins limité”.
Cette grève générale constituera un indicateur clé de l’état du dialogue social et du rapport de force entre les syndicats et le gouvernement. Une mobilisation massive pourrait accentuer la pression sur l’Exécutif et l’inciter à rouvrir les discussions avec les partenaires sociaux. En revanche, une participation limitée renforcerait l’idée d’un affaiblissement du pouvoir d’influence des syndicats.
Au-delà de cette journée de mobilisation, c’est la stratégie syndicale qui est en jeu. Les syndicats devront peut-être repenser leurs modes d’action pour s’adapter à une société où les formes de contestation évoluent et où l’influence des mouvements sociaux dépend de nouveaux leviers, au-delà des grèves traditionnelles.
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