Avec l’annonce des droits de douanes américains qui vont s’imposer à tous les pays du monde mais à des taux différents, les producteurs espagnols d’huile d’olive sont déjà dans la comparaison. Ils estiment que l’huile d’olive marocaine et turque sera avantagée aux dépens des pays européens touchés par des droits de douane plus hauts.

Pour les producteurs, ces tarifs douaniers différents d’une région à une autre, fausseraient le marché international, surtout lorsqu’il s’agit d’huile d’olive. Alors que les pays du bassin méditerranéen font partie des producteurs majeurs de ce liquide d’or, certains aujourd’hui se voient défavorisés et c’est le cas de l’Espagne, du Portugal, de la Grèce ou encore de la Tunisie.

En effet, l’administration du président américain Donald Trump a décidé d’imposer des taxes douanières de 20% pour l’Union européenne concernant tous ses produits exportés. Et dans ce cas, l’huile d’olive espagnole et grecque se trouvera donc 20% plus chère dans les supermarchés américains.

Pour la Tunisie, qui est l’un des plus grands producteurs et exportateurs d’huile d’olive dans le monde, l’administration Trump a prévu des tarifs encore plus élevés, de 28%, témoignant des relations peu amicales entre les deux pays.

La Syrie également grand producteur d’huile d’olive, a été frappée des droits de douanes les plus élevés, soit à 41%. Le Maroc pour sa part, figure parmi les pays ayant été le moins sanctionnés par le nouveau régime de taxes douanières américain. Il est taxé de 10%, tout comme la Turquie, le Chili et l’Argentine.

Néanmoins, le Maroc ne figure pas (ou plus) parmi les principaux producteurs et exportateurs d’huile d’olive dans le monde. A cause de la sécheresse qui s’est abattue sur le pays, la production annuelle a baissé.

Le 13 mars, le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, a reconnu un contexte difficile pour le secteur. Le responsable gouvernemental a indiqué que le ralentissement de la production a été constatée particulièrement ces 3 dernières années avec une moyenne de 100.000 tonnes.

Toutefois, la variété d’huile d’olive exportée n’est pas celle qui est largement consommée au Maroc puisqu’il s’agit d’une huile extra vierge. L’exportation de ce type d’huile atteint près de 4.600 tonnes sur 100.000 tonnes produites, et les exportations ne dépassent pas les 8.000 tonnes au total, selon le même responsable.

L’Espagne reste le premier producteur et exportateur d’huile d’olive dans la zone européenne et dans le monde. Le pays ibérique a produit 854.000 tonnes en 2024 selon les données de l’International olive oil, suivi par l’Italie avec 328.000, la Grèce 175.000, le Portugal 161.000 pour la zone européenne.

Pour les autres producteurs non européens, la Tunisie est le premier producteur avec 220.000 tonnes en 2024, suivie par la Turquie avec 215.000, et le Maroc à la 7ème place avec 106.000 tonnes.

Les pays membres du Conseil oléicole international (COI) auraient produit un total de 2.404.000 tonnes, soit 94% du total mondial de la campagne 2023/24, indique la même source. Le groupe des pays européens aurait, lui, produit 1.531.500 t, soit une augmentation de 10%.

Plusieurs pays ont vu leur production augmenter : + 28% en Espagne (854 000 t), +36% en Italie (328 500 t), +28% au Portugal, (160 900 t). En revanche, la production de la Grèce aurait chuté de 49% (175.000 t).

« Il ne fait aucun doute que l’application de ces taxes inégales contribue à favoriser une plus grande capacité d’exportation et des ventes sur d’autres marchés du territoire américain, au détriment des produits espagnols. Cela pourrait entraîner une détérioration économique de toute la chaîne d’un secteur qui représente 6 milliards d’euros et 12 % des exportations alimentaires de notre pays », souligne Asoliva, l’Association espagnole de l’industrie et du commerce exportateurs d’huile d’olive citée par Libremercado. Elle estime en ce sens que c’est le consommateur américain qui devrait payer plus au final.

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