Ce lundi, un mouvement inédit réunit plus de 250 médias répartis dans 70 pays. Objectif : dénoncer la spirale meurtrière qui frappe les journalistes dans la bande de Gaza. L’appel est lancé par Reporters Sans Frontières (RSF) et l’ONG Avaaz, deux organisations qui alertent sur le risque d’un silence imposé par les bombes.
Le message choisi est direct, presque prophétique : « Au rythme où les journalistes sont tués à Gaza par l’armée israélienne, il n’y aura bientôt plus personne pour vous informer. »
Sur fond noir, ce slogan s’affiche en une de journaux aussi divers que L’Humanité en France, Publico au Portugal ou La Libre en Belgique. D’autres médias, à l’image de Mediapart ou du site de La Croix, relaient l’opération à travers des articles explicatifs.
Derrière cette action coup de poing, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Plus de 210 journalistes ont été tués depuis le lancement de l’offensive israélienne à Gaza, enclenchée en représailles à l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023.
La campagne de solidarité traverse les frontières : le quotidien libanais L’Orient-Le Jour, le média d’investigation américain The Intercept ou encore l’allemand die Tageszeitung y participent également. Leur mobilisation s’inscrit dans un climat d’indignation, une semaine après les frappes israéliennes ayant coûté la vie à cinq journalistes à l’hôpital Nasser de Khan Younès, au sud de Gaza.
« Ces organisations et rédactions dénoncent les crimes perpétrés par l’armée israélienne contre les reporters palestiniens en toute impunité, appellent à leur protection et évacuation d’urgence, et exigent un accès indépendant de la presse internationale dans l’enclave palestinienne », dénonce avec force RSF dans son communiqué.
L’ONG rappelle par ailleurs avoir saisi la Cour pénale internationale (CPI) à quatre reprises, afin de faire reconnaître des crimes de guerre commis contre les journalistes dans la bande de Gaza au cours des 22 derniers mois.
Sur le terrain, l’étau reste serré. Depuis le début de la guerre, la presse étrangère n’a pas le droit de travailler librement dans Gaza. Les rares reporters autorisés à entrer le font sous escorte de l’armée israélienne, avec des sujets strictement soumis à la censure militaire.
Le conflit, lui, ne cesse de s’alourdir. L’attaque du 7 octobre a fait 1.219 morts côté israélien, pour la plupart des civils, selon un bilan de l’AFP basé sur des données officielles. Ce même jour, 251 personnes ont été enlevées, et 47 restent toujours captives à Gaza, dont une vingtaine présumées vivantes.
En représailles, l’offensive israélienne a causé au moins 63.459 morts dans la bande de Gaza, un bilan dramatique composé en majorité de civils. Les chiffres, fournis par le ministère de la Santé du Hamas, sont jugés fiables par l’ONU.
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