Posted by - Senbookpro KAAYXOL -
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La révélation d’un nouvel accord sécuritaire entre la Tunisie et l’Algérie, signé le 8 octobre dernier mais rendu public en décembre par des médias algériens, a provoqué une onde de choc à Tunis et au-delà. Loin d’un simple mécanisme de coopération bilatérale, le contenu du texte, tel que dévoilé notamment par Le Figaro, qui revient sur l’affaire et pose de lourdes questions sur l’équilibre des relations entre les deux pays et sur la réalité de la souveraineté tunisienne sous la présidence de Kaïs Saïed.
Officiellement, les autorités tunisiennes ont tenté de minimiser la portée de ces révélations, affirmant qu’il ne s’agirait que d’une actualisation d’un accord datant de 2001. Pourtant, plusieurs documents diffusés par des sources algériennes viennent contredire cette version, mettant en lumière un dispositif sécuritaire inédit, largement asymétrique, et politiquement explosif.
Selon les éléments rendus publics, l’accord permettrait aux forces algériennes d’intervenir sur le territoire tunisien jusqu’à une profondeur de 50 kilomètres, à la demande des autorités de Tunis, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. Plus encore, ces forces auraient accès à certaines infrastructures et institutions tunisiennes, tandis que l’État tunisien serait tenu d’assurer l’ensemble des frais logistiques, de l’hébergement au déploiement opérationnel.
Le point le plus sensible réside toutefois dans les contreparties prévues : la Tunisie s’engagerait à accorder à l’Algérie des avantages stratégiques, y compris en matière de ressources naturelles, en échange de cette « assistance sécuritaire ». Une clause qui, pour de nombreux observateurs, dépasse largement le cadre d’une coopération classique entre États souverains.
Autre disposition controversée : l’obligation faite à Tunis d’obtenir l’aval d’Alger avant de conclure tout nouvel accord sécuritaire ou militaire avec un autre partenaire étranger. Une clause qui réduit de facto la marge de manœuvre diplomatique de la Tunisie, alors même que le pays est engagé depuis 2023 dans un partenariat stratégique avec l’Union européenne et bénéficie du statut d’allié majeur non membre de l’Otan auprès des États-Unis.
Pour plusieurs analystes cités par Le Figaro, cette architecture juridique installe une forme de tutelle sécuritaire algérienne sur la Tunisie. « Cela rappelle les conditions du protectorat », confient certaines sources, évoquant un déséquilibre structurel inédit depuis l’indépendance tunisienne.
La controverse fragilise directement Kaïs Saïed, dont le discours politique repose depuis 2021 sur la dénonciation des ingérences étrangères et la reconquête d’une souveraineté nationale prétendument confisquée par les élites et les partenaires internationaux. Ironie de l’histoire, c’est précisément au nom de cette souveraineté que le président tunisien concentre les pouvoirs, tout en scellant un accord qui renforce la dépendance de son pays à l’égard d’un voisin régional.
Face aux critiques, Saïed a dénoncé la diffusion de « documents falsifiés » et accusé ses opposants d’agir au service d’intérêts étrangers. Mais ces démentis peinent à convaincre, d’autant que les fuites proviennent majoritairement de sources algériennes, traduisant une certaine assurance d’Alger quant à la légitimité -ou l’irréversibilité- de l’accord.
Les relations algéro-tunisiennes, souvent présentées comme fraternelles, sont pourtant jalonnées d’épisodes de tensions et d’ingérences. Des historiens rappellent notamment l’opération armée menée dans le sud tunisien en 1980, ou encore le rôle supposé d’Alger dans la mise à l’écart de Habib Bourguiba en 1987 au profit de Zine el-Abidine Benali.
Dans ce contexte, la publication de cet accord réactive de vieux soupçons et alimente le malaise d’une opinion publique tunisienne déjà éprouvée par la crise économique, l’isolement diplomatique et le recul des libertés.
Alors que le Parlement algérien vient d’adopter une loi criminalisant la colonisation française, Alger se présente comme le défenseur des souverainetés nationales et de l’autodétermination. Mais l’accord sécuritaire avec Tunis interroge cette posture : l’Algérie est-elle en train de projeter son influence régionale au prix de la souveraineté de ses voisins les plus fragiles ?
Au-delà du cas tunisien, cet épisode révèle une recomposition silencieuse des rapports de force au Maghreb, dans un contexte de fragmentation régionale, de rivalités stratégiques et de retrait progressif de certains acteurs internationaux. Pour la Tunisie, la question n’est plus seulement sécuritaire : elle est désormais éminemment politique, existentielle même, tant elle touche au cœur du projet étatique et à la crédibilité du discours présidentiel.
Car à force de brandir la souveraineté comme slogan tout en l’hypothéquant par des accords asymétriques, Kaïs Saïed prend le risque d’apparaître non plus comme le garant de l’indépendance tunisienne, mais comme l’architecte d’une tutelle sécuritaire régionale.
The post La souveraineté tunisienne à l’épreuve de la servilité de Kaïs Saïed appeared first on Hespress Français - Actualités du Maroc.
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