Posted by - Senbookpro KAAYXOL -
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Alors que les grues s’activent, que les stades se dessinent et que les autoroutes s’étirent vers de nouveaux horizons, le Maroc avance à grands pas vers l’un des événements les plus attendus du siècle : la Coupe du Monde de football 2030.
Selon les estimations du Haut-Commissariat au Plan et du Service d’Information du Maroc (SIM) en 2023, l’enveloppe budgétaire consacrée à cette préparation oscille entre 50 et 60 milliards de dirhams. Un chiffre impressionnant, certes, mais qui ne suffira pas à faire briller le Royaume aux yeux du monde… si l’humain n’est pas au cœur de l’équation.
Car derrière les infrastructures, les routes, les hôtels et les stades flambant neufs, il y a un enjeu bien plus subtil, bien plus délicat : le capital humain. Celui qui accueille, qui sourit, qui guide, qui rassure – ou parfois, hélas, qui déçoit.
Les vidéos des youtubeurs internationaux, les reportages des émissions de voyage, les threads virals sur les réseaux sociaux – tous s’accordent sur un point : le Maroc, c’est la chaleur humaine.
Les familles qui invitent l’étranger à boire un thé, les enfants qui saluent avec un grand sourire, les artisans fiers de leur savoir-faire, les guides passionnés d’histoire… Ce sont eux, souvent, les ambassadeurs involontaires du Royaume.
Mais ces mêmes contenus pointent aussi, sans détour, les zones d’ombre : le petit taxi qui double le prix sous prétexte que “vous êtes touriste”, le grand taxi qui refuse de démarrer tant que le groupe n’est pas complet – même si vous êtes pressé, le revendeur de babouches qui vous harcèle pendant 200 mètres, ou quelqu’un qui vous tend la main avec insistance alors que vous venez de refuser poliment…
Ces comportements, minoritaires mais visibles, laissent des traces. Pas seulement dans les commentaires YouTube, mais dans la mémoire des visiteurs. Et dans les classements mondiaux de l’expérience touristique.
La Coupe du Monde, ce n’est pas 32 équipes, 64 matchs et des milliards d’auditeurs. C’est aussi – et surtout – une opportunité unique de montrer au monde entier ce que le Maroc a de meilleur : son peuple.
Imaginez : des centaines de milliers de supporters venus des quatre coins du globe, des millions de regards braqués sur nos villes, nos rues, nos marchés, nos plages. Chaque interaction, chaque sourire, chaque geste compte. Un chauffeur de taxi honnête peut devenir une légende sur TikTok. Un vendeur de menthe qui offre un bouquet gratuitement peut déclencher une vague de partages. À l’inverse, une mauvaise expérience peut devenir un mème… et nuire durablement à l’image du pays.
Le tourisme marocain ne se joue pas seulement pendant le Mondial. Il se construit avant, pendant, et surtout après. Les retombées économiques peuvent durer des décennies – à condition que les visiteurs repartent avec l’envie de revenir… et de recommander.
Alors, que faire ? Comment transformer ce défi en opportunité humaine ?
1. Sensibilisation massive et ciblée
Lancer des campagnes nationales – dans les médias, les mosquées, les écoles, les gares, les aéroports – pour rappeler que chaque citoyen est un ambassadeur. Former spécifiquement les professions en contact direct avec les touristes : chauffeurs, guides, commerçants, policiers, serveurs… Pas seulement en anglais ou en espagnol, mais en “accueil”, en “patience”, en “respect”.
2. Certification “Maroc Accueil 2030”
Créer un label officiel, simple et visible, pour les professionnels du tourisme qui s’engagent à respecter une charte de bonne conduite (tarifs affichés, pas de harcèlement, sourire garanti). Un autocollant sur la vitre du taxi, un badge sur la veste du guide – un gage de confiance pour le visiteur.
3. Incitations et sanctions équilibrées
Récompenser les “héros de l’accueil” – ceux qui reçoivent des témoignages positifs, des étoiles sur Google, des remerciements sur les réseaux. Et sanctionner, avec pédagogie d’abord, fermeté ensuite, les récidivistes de la mauvaise foi.
4. Impliquer les jeunes et les influenceurs locaux
Former des “ambassadeurs jeunes” dans chaque ville, capables d’aider les touristes perdus, de traduire, de conseiller. Collaborer avec les youtubeurs et blogueurs marocains pour diffuser des contenus positifs, authentiques, utiles – en arabe, en darija, en français, en anglais.
5. Un numéro d’urgence “Touriste en détresse”
Simple, gratuit, multilingue. Pour signaler un abus, demander de l’aide, obtenir un conseil. Réponse en moins de 10 minutes. Présence visible dans les lieux touristiques.
Le Maroc a tout pour réussir ce Mondial. Il a le soleil, les paysages, la cuisine, l’histoire, la culture… et surtout, un peuple généreux, fier, accueillant. Ce qui manque parfois, ce n’est pas la volonté, mais la coordination. La conscience collective que chaque geste compte.
2030, ce n’est pas juste un événement sportif. C’est une chance historique de redéfinir l’image du Maroc dans l’imaginaire mondial. Pas comme un pays “exotique” ou “chaotique”, mais comme une destination où l’on se sent chez soi – même à 5 000 km de chez soi.
Investir 60 milliards dans le béton, c’est nécessaire. Mais investir 1% de cette somme – soit 600 millions de dirhams – dans la formation, la sensibilisation et l’accompagnement humain, c’est ce qui fera la différence. Parce qu’au final, les touristes oublieront peut-être le nom du stade… mais jamais la gentillesse de celui qui les a aidés à trouver leur chemin.
Le Maroc a les moyens de son ambition. Il lui reste à mobiliser son atout le plus précieux : ses citoyens.
*Chercheur en Sciences Politiques
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