Trois partis, une majorité solide, et un paysage politique bouleversé. Mais cette alliance inattendue née en 2021 entre le Rassemblement National des Indépendants (RNI), le Parti Authenticité et Modernité (PAM) et le Parti de l’Istiqlal (PI) survivra-t-elle aux prochaines législatives ? A l’aube de 2026, les tensions internes et les ambitions croisées rendent le scénario incertain.
En politique, rien n’est jamais figé. Ce que les urnes ont façonné en 2021, les urnes peuvent tout aussi bien le déconstruire en 2026. L’alliance à trois têtes, entre RNI, PAM et PI, a marqué un tournant inédit dans la formation gouvernementale au Maroc, rompant avec la tradition des coalitions élargies et fragmentées. Ce « triptyque » a non seulement assuré une majorité confortable, mais il a aussi permis une formation rapide du gouvernement, rompant avec les longues tractations habituelles.
En effet, l’année 2021 a marqué une étape électorale différente des précédentes dans l’histoire politique du Maroc, selon le professeur de droit public à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Rabat, et directeur général du Journal Africain des Sciences Politiques, Abbas El Ouardi.
« Jusqu’alors, les gouvernements successifs depuis l’indépendance, tels que ceux dirigés par Bekkay, Youssoufi, Abbas El Fassi ou Benkirane, reposaient sur des coalitions multipartites. Ces gouvernements étaient caractérisés par la participation de plusieurs partis politiques aux profils et noms divers, chacun se voyant attribuer des portefeuilles ministériels principaux ou secondaires, souvent sous forme de secrétariats d’Etat. Ce mode de gouvernance laissait peu présager la configuration actuelle, inédite dans le paysage politique marocain« , a expliqué l’expert dans une analyse à Hespress FR.
Il a précisé que les partis du RNI, du PAM et du PI ont réussi à former une coalition tripartite solide, dotée d’une majorité confortable. Cette alliance a permis une formation rapide du gouvernement, évitant ainsi le risque de blocage institutionnel.
Mais aujourd’hui, l’horloge électorale tourne et avec elle surgissent des doutes légitimes. « Le triptyque gouvernemental poursuivra-t-il sa mission ? Et si oui, dans quel ordre hiérarchique ? Le corps électoral optera-t-il pour une nouvelle configuration ? Qui dirigera le prochain gouvernement ?« , s’est-il interrogé, notant que bien que ces questions présentent une certaine complexité, elles peuvent être appréhendées à travers l’analyse de la configuration partisane actuelle. En effet, ces trois formations conservent une position dominante au sein du Parlement, y compris lors des scrutins partiels. En outre, la fragmentation manifeste de l’opposition renforce davantage leur assise politique, a-t-il affirmé.
Pour El Ouardi, ces deux facteurs constituent une assise stratégique essentielle pour envisager l’avenir politique. Au cœur des enjeux se trouve la question du choix du partenaire principal pour la conduite du gouvernement. La direction pourrait rester au sein des partis composant la majorité actuelle, ou bien la coalition pourrait s’élargir à d’autres forces politiques, rompant ainsi avec la logique du triptyque.
Pour l’instant, un accord anticipé paraît peu envisageable, chaque parti, en particulier ceux du trio gouvernemental, affichant une ambition claire de prendre la tête de l’Exécutif, a poursuivi le spécialiste. Dans ce contexte, rappelle-t-il, le capital humain qualifié apparaîtra comme un élément déterminant, de même que la capacité à mobiliser des figures électorales charismatiques, capables de faire basculer les équilibres politiques.
« Mais une chose est sûre, conclut l’universitaire, la future configuration ne pourra se dessiner qu’en liant les profils candidats aux élections législatives à des programmes pragmatiques, centrés sur la nation et le citoyen. La question reste donc ouverte : le triptyque gouvernera-t-il seul ? La configuration s’élargira-t-elle ? Qui dirigera le gouvernement ? Tout se jouera autour de la personnalité politique charismatique capable de convaincre l’électorat« .
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