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Comme toutes ses déclarations, celle-ci a suscité l’indignation de l’opinion publique, sauf que cette fois-ci, Abdelatif Ouahbi, ministre de la Justice, ne prônait pas une société plus ouverte, il mettait en lumière une triste réalité persistante dans un monde en constante évolution. Le Mariage des mineurs, malgré des années de lutte, demeure un phénomène qui, bien que dissimulé, continue de sévir !
Le ministre de la justice a affirmé que la majorité des demandes adressées aux tribunaux concernant le mariage des mineurs sont acceptées.
En réponse à une interrogation posée par le groupe du Progrès et du Socialisme (PPS) à la Chambre des représentants, lors de la session des questions orales, Ouahbi a déclaré que “60 % des demandes de mariage des mineurs sont approuvées par les juges, ce qu’il a considéré comme un grave problème”. Défenseur acharné des droits humains, le responsable gouvernemental a noté que “97 % des mineures abandonnent l’école, contre seulement 3 % qui poursuivent leurs études”. Pas que, le sexisme persiste : Ouahbi a ajouté que ce phénomène concerne surtout les filles avec 99 % des demandes de mariage des mineurs concernent des filles, contre 1 % pour les garçons.
Face à cette réalité alarmante, pour donner un coup de crédibilité à ces propos, Ouahbi a révélé des statistiques alarmantes : 1.397 demandes déposées au tribunal de première instance de Marrakech, 881 à Kelaat Sraghna, 877 à Fès, 636 à El Jadida, 632 à Essaouira, 559 à Sidi Bennour, et 415 à Tanger.
Ne concernant plus les régions rurales, même les grandes villes sont désormais influencées, à cet effet, Ouahbi a qualifié le mariage des mineurs de calamité “dont Dieu seul sait comment elle sera résolue”. Il a réitéré : “Personnellement, je souhaite criminaliser le mariage des mineurs dans le code pénal. Une fille ne devrait pas se marier avant l’âge de 18 ans, bien que cet âge soit encore trop jeune pour le mariage”.
Jusqu’à quand ? Approchée par Hespress FR, Buchra Abdou, présidente de l’Association Défi pour l’Égalité et la Citoyenneté, partage les mêmes inquiétudes soulevées par Ouahbi, “ le mariage des mineurs est un phénomène alarmant qui persiste malgré les efforts déployés par certaines institutions. Nous devons reconnaître que la loi est le premier rempart contre cette pratique qui met en péril l’avenir de milliers de jeunes filles et garçons”.
La loi, notamment les articles 20, 21 et 22, devrait jouer un rôle clé pour freiner ce phénomène croissant. Mais, pour qu’elle soit véritablement efficace, il est impératif qu’un autre aspect soit abordé également : la sensibilisation des familles.
Consciente du rôle primordial joué par cette instance, Bouchra Abdou estime que “les familles marocaines, en particulier celles vivant dans les zones rurales, doivent être pleinement conscientes des conséquences légales et sociales du mariage des mineurs. Beaucoup d’entre elles ignorent encore les peines encourues lorsqu’elles marient leurs enfants avant l’âge légal. C’est pourquoi il est essentiel d’intensifier les campagnes de sensibilisation, afin d’éduquer et d’informer ces familles sur leurs responsabilités et sur les droits des enfants”.
Cependant, la sensibilisation ne suffira pas si elle n’est pas accompagnée de mesures concrètes. “Nous devons œuvrer, en concordance, car les lois familiales ne peuvent progresser sans une réforme des lois pénales. Il est temps que nous envisagions des sanctions plus sévères pour ceux qui violent ces lois, et pour cela, il est nécessaire de réviser notre cadre juridique”, ajoute-t-elle.
Un problème à plusieurs facettes : un autre volet incontournable de cette lutte est l’accès gratuit et universel à l’éducation. Pour la fervente défenseuse des droits de la femme : “l’État a la responsabilité d’assurer à chaque enfant une place dans une salle de classe. C’est seulement en garantissant une éducation de qualité que nous pourrons offrir aux jeunes une vocation future, au lieu de les laisser croire que leur seule option est le mariage précoce”.
Il est évident qu’il existe une relation tripartite essentielle entre le ministère de l’Éducation, le ministère de la Justice et l’autorité judiciaire. Toutes ces forces doivent unir leurs efforts pour punir toute personne qui prive un enfant de son droit à l’éducation. Dans un souci de remédier à ce phénomène, notre interlocutrice suppose : “si nous encourageons l’éducation, si la presse joue son rôle de sensibilisation et si les députés s’impliquent activement dans ce combat, nous pourrons réaliser de réels progrès. Les députés, qui n’hésitent pas à chercher des voix dans les régions les plus reculées, doivent également sensibiliser à l’importance de l’éducation et aux dangers du mariage des mineurs”.
Le ministère de l’Intérieur, pour sa part, a un rôle crucial à jouer en identifiant précisément les familles qui continuent de marier leurs enfants mineurs. Ainsi, “tirer la sonnette d’alarme est une première étape, mais ce qui sera encore plus bénéfique, c’est de concentrer les efforts pour stopper cette hémorragie sociale”, conclut Bouchra Abdou.
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