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on - Dec 27 -
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Si l’enfer avait une adresse, il se trouverait sans doute sur la route atlantique, où des bateaux de fortune surchargés et délabrés s’aventurent dans des courants déchaînés. Les passeurs, ces marchands d’illusions, multiplient les départs depuis des plages isolées d’Afrique, parfois situées à plus de 1 000 kilomètres des Canaries. Plus de 10 547 migrants ont trouvé la mort en mer en 2024, laissant derrière eux des tragédies silencieuses.
Les autorités maliennes ont rapporté qu’un naufrage survenu au large des côtes marocaines, le 19 décembre dernier, a entraîné la disparition de 70 personnes, parmi lesquelles figuraient des migrants maliens. L’embarcation, transportant environ 80 passagers, a sombré en pleine traversée vers les îles Canaries. Seules onze personnes ont pu être secourues.
Selon une déclaration du gouvernement malien, rendue publique le 26 décembre, le drame a coûté la vie à 25 jeunes Maliens identifiés parmi les victimes. Onze rescapés, dont neuf originaires du Mali, ont été pris en charge, comme l’ont précisé des responsables maliens et des ambassades régionales en collaboration avec les familles des disparus.
Chaque année, des milliers de migrants tentent de rejoindre l’Europe par des itinéraires maritimes extrêmement risqués. Ces traversées, souvent effectuées à bord de bateaux précaires, partent des côtes africaines dans l’espoir d’atteindre des rivages plus sûrs. Le naufrage du 19 décembre illustre une fois de plus les dangers de ces trajets périlleux. Les îles Canaries, situées à une centaine de kilomètres des côtes nord-africaines, représentent l’un des points d’entrée privilégiés.
Chaque jour, des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants embarquent sur des canots de fortune pour une traversée où la promesse d’un meilleur avenir se heurte aux vagues cruelles de l’Atlantique. L’année 2024 a tristement marqué un record avec ce bilan tragique de 10 547 migrants ayant péri ou disparu en mer en tentant de rejoindre les côtes espagnoles, selon Caminando Fronteras.
Derrière ces chiffres glaçants, une réalité tragique se dessine : celle d’un monde qui regarde ailleurs. L’Organisation espagnole indique que ce chiffre alarmant représente une hausse de 50 % par rapport à l’année précédente. Selon Caminando Fronteras, également connue sous le nom de Walking Borders, ces chiffres témoignent d’une crise humanitaire sans précédent.
Le drame des migrants ne se limite pas à ceux qui périssent en mer. C’est un naufrage collectif : celui d’un système mondial incapable de répondre aux crises humanitaires et aux inégalités. Les pays de départ voient leur jeunesse s’évanouir vers un mirage européen, tandis que les pays d’accueil ferment leurs portes et intensifient les contrôles. Dans cette lutte pour la survie, malheureusement, ce sont les passeurs qui prospèrent en exploitant la détresse humaine. Leurs promesses vides coûtent des milliers de vies et leur activité reste florissante.
Dans son rapport intitulé Right to Life 2024, l’association souligne que l’année écoulée a été la plus meurtrière jamais enregistrée, avec une moyenne effroyable de 30 décès par jour contre 18 par jour en 2023. Parmi les victimes de ce drame humain d’une ampleur sans précédent, figurent 421 femmes et 1 538 enfants ou adolescents. Mais, comment en est-on arrivé là ? La réponse est aussi simple qu’accablante : il est plus politiquement commode de fermer les yeux sur ces drames que de les affronter. Les victimes deviennent des statistiques ; leurs noms, leurs histoires, leurs espoirs sombrent dans l’oubli.
Malgré les risques extrêmes, les migrants continuent d’affluer vers l’Espagne. Selon le ministère espagnol de l’Intérieur, 57 700 migrants ont atteint les côtes espagnoles par bateau au 15 décembre 2024, soit une augmentation de 12 % par rapport à l’année précédente. La grande majorité d’entre eux ont emprunté la route atlantique. Ces chiffres, combinés au nombre record de morts, révèlent l’urgence d’une réponse humanitaire renforcée. Sans une refonte des politiques migratoires et des systèmes de secours, les tragédies maritimes continueront de s’aggraver.
La route atlantique, reliant l’Afrique de l’Ouest aux îles Canaries, reste de loin la plus dangereuse avec 9 757 décès enregistrés sur ce chemin de la mort. La route de Mauritanie qui est devenue un point de départ majeur vers les Canaries, a vu un nombre croissant de tragédies. En Méditerranée, la route algérienne, est la plus dangereuse. Elle a fait 517 victimes officielles en 2024. Ce bilan témoigne de l’ampleur du drame sur l’ensemble des itinéraires maritimes menant à l’Espagne.
Le rapport de Caminando Fronteras ne se contente pas de dresser un bilan chiffré. Il pointe également du doigt les causes structurelles de cette hécatombe. L’association dénonce la priorisation du contrôle des migrations au détriment du devoir de sauvetage, affirmant que le droit à la vie est relégué au second plan.
La priorité accordée au contrôle des frontières dépasse de loin les efforts de sauvetage. Les ressources maritimes, au lieu de se déployer pour sauver des vies, se concentrent sur des politiques dissuasives. Helena Maleno, fondatrice de l’association, dénonce une « tragédie inacceptable » et une « défaillance profonde » des systèmes de secours.
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