À l’approche du Mondial 2030, la acteurs turcs du BTP cherchent à s’assurer une participation aux projets d’infrastructures marocains liés à l’événement.
Lors du Forum d’affaires et d’investissement Türkiye–Maroc organisé à Istanbul, près de 400 participants représentant les secteurs public et privé des deux pays ont exploré les perspectives de coopération économique et industrielle. Le ministre turc du Commerce, Omer Bolat, a indiqué que les entreprises turques avaient déjà réalisé 113 projets au Maroc, pour un montant cumulé de 4,2 milliards de dollars, et qu’elles pouvaient contribuer à des projets liés à la Coupe du monde, notamment dans la modernisation de stades, la construction hôtelière et le développement des infrastructures de transport.
Le commerce bilatéral entre les deux pays repose sur un accord de libre-échange en vigueur depuis 18 ans. Selon les chiffres présentés lors du forum, le volume des échanges a atteint environ 5 milliards de dollars, avec une croissance soutenue des exportations dans les deux sens : les exportations marocaines vers la Turquie ont été multipliées par neuf, et les exportations turques vers le Maroc par huit. Cette dynamique commerciale reste toutefois moins visible en matière d’investissement direct, qui s’est élevé à un peu plus de 300 millions de dollars sur la dernière décennie, plaçant la Turquie au 17ᵉ rang des investisseurs étrangers au Maroc, selon l’ambassadeur du Royaume à Ankara, Mohammed Ali Lazreq.
Pour le secrétaire d’État chargé du Commerce extérieur, Omar Hejira, la Coupe du monde représente une opportunité majeure pour renforcer les capacités nationales et encourager la co-production entre acteurs locaux et partenaires étrangers. Il a souligné que le développement des infrastructures doit aller de pair avec le renforcement des compétences marocaines, la création d’emplois et la consolidation des filières industrielles locales.
Les discussions lors du forum ont également abordé la diversification des secteurs de coopération. Outre le BTP et l’hôtellerie, des opportunités ont été identifiées dans l’énergie, l’agriculture modernisée, la logistique et l’industrie manufacturière. Selon les responsables turcs, le Maroc représente un point d’entrée stratégique vers les marchés africains et européens, mais l’accent a été mis sur la nécessité de respecter les priorités nationales et de garantir la participation des entreprises marocaines aux projets structurants.
Le forum a également présenté des panels sectoriels sur le textile et l’automobile, mettant en avant des exemples de partenariats existants et les modèles de co-production possibles. Les échanges ont insisté sur la création de valeur partagée et la constitution de chaînes de production intégrées, capables de servir simultanément les marchés marocain, africain et européen.
Pour sa part, le président de la CGEM, Chakib Alj, estime que le renforcement des relations économiques Maroc–Turquie doit s’inscrire dans une logique de complémentarité. Selon lui, la Turquie apporte son expérience, son expertise technique et ses capacités industrielles, tandis que le Maroc offre agilité, compétences locales et accès à des marchés diversifiés. Il insiste sur l’importance de développer des partenariats équilibrés, où les entreprises marocaines jouent un rôle central dans la réalisation des projets, afin de maximiser les retombées économiques pour le Royaume.
Le président de DEIK (Foreign Economic Relations Board of Turkey), Nail Olpak, a quant à lui souligné que le Maroc représente un point d’accès stratégique vers le continent africain pour les entreprises turques. Il a mis en avant l’intérêt de développer des partenariats industriels et logistiques entre les deux pays, et a insisté sur le potentiel de projets conjoints pouvant s’étendre au-delà du Maroc vers d’autres marchés africains et européens. Selon lui, la coopération doit être basée sur la complémentarité, avec les entreprises turques apportant leur expérience et leur expertise technique, tout en travaillant en synergie avec les acteurs locaux.
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