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Alors que le taux de chômage a atteint 13,6 % au niveau national au cours du troisième trimestre de 2024, les entreprises de construction, de travaux publics et de promotion immobilière se heurtent à une pénurie de main-d’œuvre indispensable pour faire avancer leurs chantiers. Cette situation s’explique par l’absorption d’une grande partie des travailleurs qualifiés par les projets d’infrastructures liés à la préparation de la Coupe du Monde 2030. Par ailleurs, le secteur du bâtiment et des travaux publics est caractérisé par un emploi saisonnier, encadré par des pratiques spécifiques, notamment en matière de paiement des salaires et de leurs échéances.
Une situation contradictoire qui s’explique par plusieurs facteurs enchevêtrés. La rareté de la main-d’œuvre, due à l’attraction exercée par les chantiers liés au Mondial, a entraîné une hausse significative des salaires et des indemnités de mission, estimée à +30 % par les professionnels du secteur. Par exemple, le salaire d’un ferrailleur a atteint 4.300 dirhams en raison de la forte demande pour ce métier dans les grands projets de construction de stades et d’hôtels. La majorité des entreprises de construction étant soumise à des contrats assortis de délais de livraison stricts, la main-d’œuvre devient un levier essentiel pour honorer les engagements contractuels et éviter des pénalités de retard ainsi que des litiges coûteux avec les clients.
Face à cette crise, les entreprises de construction ont eu recours à des « recruteurs » dans les zones rurales pour attirer de la main-d’œuvre en offrant divers avantages, tels que le logement, l’affiliation à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale et des contrats de travail légaux. Toutefois, cette approche s’est révélée inefficace pour certains métiers hautement spécialisés, comme le coulage du béton, l’élévation des fondations et les travaux de finition, d’autant que les nouveaux venus nécessitent une période de formation. Cela accroît les coûts d’exploitation des chantiers déjà soumis à la pression de l’augmentation continue des prix des matériaux de construction et des frais de gestion quotidienne. En outre, le secteur du bâtiment reste exposé à des risques importants et est régi par des normes strictes en matière de sécurité et d’assurance.
Les projets de construction à travers le Royaume enregistrent des retards en raison du manque de main-d’œuvre qualifiée, menaçant ainsi les plannings de livraison et augmentant les risques contractuels. Le déficit de travailleurs a conduit à une intensification des heures de travail, exerçant une forte pression sur les employés disponibles, ce qui a affecté leur productivité. De plus, les entreprises locales peinent à rivaliser avec les sociétés étrangères qui misent sur l’automatisation, notamment les entreprises chinoises et turques. Confrontés à ces difficultés, certains entrepreneurs ont dû recruter de la main-d’œuvre parmi les migrants en provenance des pays d’Afrique subsaharienne.
Younes Fkir, entrepreneur et propriétaire d’une société de construction à Casablanca, a expliqué que « le secteur du bâtiment et des travaux publics au Maroc est confronté à des défis majeurs qui menacent l’avancement des projets et le respect des délais de livraison, en raison d’un manque critique de main-d’œuvre qualifiée ».
Il a précisé que cette situation accroît les risques contractuels pour les entreprises, les retards entraînant des pertes financières substantielles et nuisant à leur réputation. Selon lui, la surcharge de travail imposée aux ouvriers pour pallier le manque de personnel réduit leur productivité, aggravant le problème au lieu de le résoudre.
De plus, les entrepreneurs locaux sont confrontés à une concurrence accrue de la part des entreprises étrangères qui investissent massivement dans la technologie et l’automatisation, leur conférant un avantage concurrentiel indéniable.
En réponse à ces défis, certaines entreprises ont opté pour une solution non conventionnelle en recrutant des travailleurs migrants d’Afrique subsaharienne. Bien que cela atténue temporairement le problème de pénurie, cette solution soulève des questions quant à sa viabilité à long terme, notamment en ce qui concerne la formation et l’intégration de cette main-d’œuvre aux exigences du marché local, ainsi que la régularisation de leur statut de résidence et de travail au Maroc. Fkir a insisté sur l’urgence d’une intervention gouvernementale pour combler l’écart entre l’offre et la demande dans le secteur.
La crise de l’emploi dans le secteur de la construction constitue un défi urgent nécessitant une action coordonnée de la part du gouvernement, des entreprises et des institutions de formation. Des experts proposent plusieurs solutions pour atténuer les effets de cette crise, telles que le renforcement de la formation professionnelle, l’amélioration des conditions de travail et l’adoption accrue des nouvelles technologies.
Ces mesures pourraient limiter l’impact de la pénurie de main-d’œuvre et de la hausse des salaires sur les chantiers, tout en garantissant la continuité de ce secteur stratégique pour le développement économique et social du Maroc, particulièrement en cette période de forte demande liée aux préparatifs pour la Coupe du Monde.
De son côté, Omar Naciri Cherkaoui, responsable des ressources humaines dans une agence de recrutement, a souligné que « cette crise découle principalement de la pénurie de main-d’œuvre qualifiée et de l’augmentation de son coût, ce qui menace la continuité des grands chantiers en cours au Maroc« .
Il a insisté sur la nécessité d’une réponse rapide et coordonnée des différents acteurs pour sécuriser les ressources humaines nécessaires à la bonne marche des chantiers. Il a également noté que les mentalités des entrepreneurs évoluent, ceux-ci adoptant de plus en plus des contrats formalisés malgré certaines lacunes persistantes, notamment en ce qui concerne l’affiliation à la sécurité sociale et le niveau des salaires versés aux ouvriers.
Ainsi, Naciri Cherkaoui a insisté sur l’importance de la formation professionnelle comme solution clé pour préparer une main-d’œuvre qualifiée répondant aux besoins du marché. Il a également souligné la nécessité d’améliorer les conditions de travail, tant au niveau des salaires que de l’environnement de travail, pour rendre le secteur plus attractif pour la main-d’œuvre locale.
En parallèle, l’adoption de la technologie et de l’automatisation pourrait réduire la dépendance à la main-d’œuvre humaine. En renforçant l’utilisation de machines et en innovant dans les processus de construction, les entreprises pourraient accroître leur productivité tout en réduisant leurs coûts à long terme.
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