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Depuis plus d’une semaine, des précipitations, des vents et des flocons de neige inquiètent les Marocains. Dans plusieurs régions du Royaume, un changement climatique « brusque » et « inattendu » semble quelque peu déranger la tranquillité de la population. Cependant, d’autres sont heureux de cette bénédiction “céleste” qui arrose des sols asséchés et redonne vie aux cultures en attente des gouttes d’eau.
Bénédiction ou malédiction ? Les avis s’opposent et s’enchevêtrent. Après une sécheresse implacable, le Maroc revit sous les rythmes des précipitations…Mais pour quel prix ? Mustapha Benramel, expert en environnement et président de l’Association des Phares Écologiques pour le Développement et le Climat rassure : “Les précipitations enregistrées récemment au Maroc ont des effets variés sur l’agriculture et les ressources en eau du pays. Bien qu’elles aient apporté un soulagement temporaire, leur impact reste complexe et mérite une analyse détaillée”.
Selon lui : Les précipitations ont contribué de manière significative à l’augmentation du volume d’eau stocké dans les barrages du pays, atteignant un taux de remplissage de 28,65 %, ce qui assure une réserve d’eau suffisante pour divers usages, notamment l’agriculture, l’industrie et l’eau potable. Elles ont aussi joué un rôle clé dans le renouvellement des nappes phréatiques, une ressource vitale pour l’approvisionnement en eau dans les régions sensibles. Toutefois, malgré cet aspect positif pour la gestion de l’eau, il faut noter que ces précipitations n’ont pas apporté de solution miracle face aux enjeux climatiques du pays.
Du point de vue agricole, souligne-t-il, “les précipitations tardives arrivent trop tard pour certaines cultures, notamment les céréales en terres non irriguées, qui sont déjà en souffrance. Cependant, elles ont pu bénéficier à certaines cultures comme les oléagineux, les protéagineux, et quelques légumes, ainsi que les agrumes et les fruits rouges. Ces cultures, bien que bénéficiant de l’apport en eau, risquent de ne pas atteindre leur plein potentiel si les conditions climatiques restent instables”.
L’un des problèmes majeurs, déplore Benramel, reste l’irrégularité des précipitations et des températures. Bien que les pluies aient apporté un soulagement dans certaines régions comme El Chaouia, Errachidia, Azilal et Khénifra, qui n’avaient pas vu de précipitations significatives depuis plusieurs années, l’intensité et la durée excessive de ces précipitations peuvent avoir des effets négatifs à long terme. En effet, des phénomènes comme les inondations, l’érosion des sols et la dégradation des arbres sont déjà observés dans certaines régions montagneuses, avec des conséquences dramatiques pour les cultures.
Pas que, “les régions du Gharb et du Loukkos, où l’on cultive traditionnellement des produits comme le cèdre et la canne à sucre, connaissent un recul de ces cultures en raison de la mauvaise gestion de l’eau et de la saturation des sols. Les cultures n’apprécient pas un excès d’eau, et ces conditions de saturation peuvent compromettre la qualité et la productivité des plantations. Dans ces régions, l’écosystème agricole commence à se détériorer à cause de l’accumulation d’eau”, poursuit-il.
Dans les plaines, où les constructions des plans d’eau sont nombreuses, la situation devient préoccupante. L’accumulation d’une grande quantité d’eau en peu de temps peut engendrer des problèmes de gestion hydrique et affecter la vie des cultures. L’eau excédentaire, si elle n’est pas bien canalisée, pourrait également provoquer des inondations et la destruction de récoltes.
Partie pleine du verre : ces pluies ont apporté une certaine verdure et un soulagement temporaire aux cultures. Cependant, “elles ne marquent en rien un retour à la normalité. Le Maroc, comme d’autres régions du monde, semble désormais vivre sous un rythme de fluctuations climatiques intenses, et non sous le cycle traditionnel des quatre saisons”, est-il d’ajouter. Ce dérèglement, qui se manifeste par des événements climatiques extrêmes comme la tempête Jana – qui a dévié vers le Maroc après avoir touché le nord de l’Europe – est la preuve d’une transformation profonde du climat global.
Les experts s’accordent à dire que nous ne sommes plus face à un climat stable et prévisible. Les tempêtes, bien que saisonnières, ne suivent plus des modèles réguliers. Leur durée, qui ne dépasse généralement pas dix jours, est désormais plus imprévisible. Ce dérèglement climatique remet en question notre capacité à prévoir et à gérer les saisons agricoles de manière efficace.
En dépit de l’aspect positif que peuvent offrir ces précipitations pour certaines régions et cultures, il est crucial de comprendre que ce phénomène est loin de constituer un retour à la normale. Pour le spécialiste : “Le Maroc, comme d’autres pays, est désormais confronté à un nouveau régime climatique caractérisé par des fluctuations imprévisibles. Les agriculteurs devront s’adapter à ces nouvelles réalités climatiques, et cela exigera une gestion innovante et résiliente de l’eau, ainsi que des stratégies agricoles adaptées aux nouvelles conditions météorologiques”.
“Bien que ces précipitations puissent être une lueur d’espoir à court terme, elles ne sauraient constituer une solution durable face à la menace croissante des changements climatiques. Il est impératif que nous nous préparions à vivre avec ces nouvelles conditions climatiques extrêmes et que nous adaptions nos pratiques agricoles et environnementales en conséquence”, conclut Benramel en espérant un avenir climatique et agricole meilleur pour le Maroc.
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