Dans une ère où l’immigration clandestine semble devenir la solution ultime à tous les maux et une option de plus en plus séduisante pour de nombreux jeunes marocains, près de 3.000 d’entre eux ont récemment tenté de franchir les frontières de l’enclave de Sebta depuis Fnideq. Ce drame a fait couler beaucoup de larmes et d’encre et a suscité une vague de réactions tant au sein du gouvernement que dans la société civile. Face à ce phénomène alarmant, l’association “Initiatives pour l’instauration des piliers de l’État social” a lancé une campagne intitulée “Mَanhrbouch”,(Ne fuyons pas), qui se veut un cri du cœur pour la préservation de la dignité et de l’avenir des jeunes Marocains.

Le choix du slogan “Mَanhrbouch” (qui se traduit littéralement par “ne fuyons pas”) illustre la volonté de la société civile marocaine de contrer le sentiment de désespoir qui pousse certains jeunes à envisager l’émigration comme une solution à leurs problèmes. Cette campagne solidaire vise à rappeler aux jeunes que la patrie est au-dessus de tout, soulignant ainsi l’importance d’une identité nationale forte et d’un engagement envers le développement du pays. Les messages véhiculés par la campagne mettent également en exergue que le chômage et la corruption ne devraient pas servir de prétexte à l’immigration, mais plutôt inciter à l’action et à l’engagement civique.

La campagne ne se limite pas à des publications sur les réseaux sociaux ; elle inclut également une série d’activités de sensibilisation dans les écoles. En coordination avec l’académie régionale de l’éducation et de la formation (AREF), l’association a organisé des rencontres dans six lycées situés principalement dans des quartiers défavorisés de Fès, cette ville délaissée aux affres de l’oubli. Ces rencontres ont pour but d’atteindre un maximum d’élèves, en leur fournissant des outils et des informations pour mieux comprendre les réalités de l’immigration. Selon des statistiques révélées par l’association, un nombre important d’élèves de Fès a tenté de se rendre à Sebta lors des récents événements, renforçant l’urgence d’une telle initiative.

La campagne “Mَanhrbouch “ émerge dans un climat politique chargé, où les tensions sont palpables. Les autorités ont accusé des “groupes extérieurs inconnus” d’inciter à ces tentatives d’immigration, ce qui suscite des débats houleux sur la responsabilité et la gestion de la situation. 

La campagne a engendré des réactions diverses sur les réseaux sociaux. Alors que certains applaudissent l’initiative et saluent les efforts de sensibilisation, d’autres pointent du doigt l’inefficacité d’une telle campagne face à des problèmes socio-économiques complexes. Les critiques soulignent que le chômage élevé, la corruption persistante et le manque d’opportunités sont autant de facteurs qui poussent les jeunes à chercher un avenir ailleurs. Ces débats soulèvent des questions cruciales sur la manière de convaincre la jeunesse actuelle de l’importance de rester et de contribuer à la construction d’un Maroc meilleur.

Face à ces défis, la campagne “Mَanhrbouch “ représente une réponse proactive de la société civile, qui cherche à restaurer l’espoir et à encourager un dialogue constructif sur les défis auxquels le pays est confronté. En appelant à une réflexion collective sur les réalités économiques et sociales du Maroc, l’association espère non seulement sensibiliser les jeunes, mais aussi les inciter à participer activement à l’avenir de leur pays. Les défis sont nombreux, mais l’unité et l’engagement de la société civile sont essentiels pour bâtir un avenir prometteur.

À travers la campagne “Manhrboch”, l’association “Initiatives pour l’instauration des piliers de l’État social” se positionne comme un acteur clé dans la lutte contre l’immigration irrégulière. En créant un espace de dialogue et de sensibilisation, elle espère insuffler un nouvel élan de solidarité et d’engagement civique parmi les jeunes. Alors que le Maroc continue de faire face à des défis économiques et sociaux, il est devenu de plus en plus crucial que la jeunesse trouve en son pays des raisons de rester et de contribuer à son développement. 

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