La nomination par Donald Trump de Marco Rubio au poste de secrétaire d’État va certainement marquer une rupture majeure dans la diplomatie américaine à l’égard de l’Algérie. Connu pour sa ligne inflexible contre les régimes autoritaires et son mépris affiché pour le régime algérien, Rubio incarne bien une menace diplomatique directe pour Alger.

L’arrivée de Marco Rubio comme secrétaire d’État des États-Unis, sous l’impulsion de Donald Trump, bouleverse le paysage diplomatique, particulièrement pour l’Algérie. Ce choix s’inscrit dans une volonté affichée de l’administration Trump de durcir sa politique étrangère, en visant particulièrement les régimes perçus comme autoritaires ou hostiles aux intérêts américains. Rubio, figure de proue de la droite conservatrice, s’est distingué par sa critique constante envers le régime algérien, qu’il accuse de connivence avec des puissances jugées adverses par Washington. Son accession à un poste clé au sein du gouvernement américain pourrait signaler le début d’une série de pressions diplomatiques et économiques sur Alger.

Un séisme diplomatique pour le palais d’El Mouradia

“La récente nomination de Marco Rubio au poste de secrétaire d’État des États-Unis par le Président élu Donald Trump est perçue comme un séisme diplomatique au sein du palais d’El Mouradia. Connu pour sa position intransigeante contre les régimes autoritaires, et notamment pour son opposition farouche au régime algérien, Rubio incarne une menace diplomatique directe pour Alger”, affirme dans des déclarations à Hespress FR, le professeur de sciences économiques, sociales et politiques à l’Université Mohammed V de Rabat, Dr Talal Cherkaoui.

Ce choix, loin d’être anodin, “s’inscrit dans la volonté d’une administration Trump plus déterminée que jamais à adopter une politique étrangère affirmée et à s’attaquer aux régimes qu’elle considère comme déviants ou hostiles aux intérêts américains”, souligne l’analyste.

Dans une lettre adressée au secrétaire d’État Antony Blinken en 2022, “le sénateur floridien avait démontré son mépris pour les pratiques du régime algérien, n’hésitant pas à dénoncer son soutien à la Russie et ses méthodes de répression intérieure”, rappelle Dr Cherkaoui, soulignant que “cette hostilité trouve ses racines dans une vision de la politique étrangère qui associe Rubio à une droite américaine décomplexée, peu encline à la diplomatie de compromis”.

En tant que secrétaire d’État, “Rubio pourrait ainsi favoriser une ligne dure, poussant à un isolement progressif d’Alger, notamment par des sanctions économiques et diplomatiques”, estime le professeur de sciences économiques, sociales et politiques.

Des répercussions tangibles et multidimensionnelles

Au-delà des simples annonces, Dr Cherkaoui est d’avis que “cette nomination aura des répercussions tangibles et multidimensionnelles”. D’abord, “l’Algérie voit désormais s’éloigner la possibilité de maintenir des relations stables avec une Amérique où la posture de Trump et de son entourage ne laisse guère de place pour des régimes jugés problématiques. Les signaux envoyés par la nouvelle équipe de Trump, incluant des personnalités telles que Michael Waltz au Conseil de sécurité nationale, laissent présager une série de mesures visant à marginaliser davantage l’Algérie sur la scène internationale. Les alliances historiques d’Alger et sa rhétorique anticolonialiste, souvent brandie comme un étendard de sa politique étrangère, risquent d’être minées par une pression croissante, et même une critique systématique de ses pratiques internes, que Rubio ne manquera sans doute pas de relever”, explique l’analyste.

Sur le plan régional, conclut il, “cette reconfiguration diplomatique américaine pourrait être bénéfique pour le Maroc. En effet, Rubio a toujours affiché un soutien implicite aux positions marocaines, et il semble probable que sa nomination renforce le soutien de l’administration Trump, notamment concernant la question du Sahara marocain. Avec une administration qui considère le régime algérien comme hostile, les États-Unis pourraient opter pour un renforcement de leurs liens avec Rabat, consolidant ainsi la position stratégique du Royaume dans la région. Dans ce contexte, la stabilité et la constance des positions marocaines deviennent des atouts majeurs, contrastant fortement avec les fluctuations et les rétractations diplomatiques du régime algérien”.

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