Les critiques algériennes commencent à se faire entendre après le vote de la résolution onusienne sur le Sahara et la récente sortie médiatique du ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf. Le chef de la diplomatie algérienne a révélé dans une interview exclusive que son pays était à deux doigts de voter la résolution, toutefois ses explications sont « irrationnelles » et « incompréhensibles » selon le journaliste Abdou Semmar.
Dans une vidéo réaction à l’interview livrée par Ahmed Attaf à la chaine ALG24, le journaliste algérien exilé en France a révélé les incohérences du ministre algérien et plus généralement de la position de l’Algérie dans le dossier du Sahara suite à l’adoption de la dernière résolution du conseil sécurité de l’ONU le 31 octobre dernier.
Alors que l’Algérie n’a pas participé au vote du Conseil de sécurité, le ministre a révélé qu’elle était prête à entériner le texter à une seule condition. Pourtant, il y a un bémol, ce texte dans son entièreté, est particulièrement favorable à la position du Maroc en considérant l’initiative d’autonomie (soumise par le Maroc en 2007 comme proposition de règlement, ndlr) comme cadre exclusif de la future solution au conflit.
Et si ce texte a été adopté à la majorité du Conseil de sécurité et va dans le sens de la volonté de la communauté internationale qui soutient une autonomie sous souveraineté marocaine ou défend sans détours la souveraineté marocaine historiquement reconnue sur le territoire, il ne reflète aucunement les ambitions algériennes dans ce dossier.
L’Algérie -qui se dit ne pas être partie au conflit- arme le groupe séparatiste du polisario, le finance et le loge sur son territoire, a toujours agi à contre-courant du processus politique, en s’attachant à l’option référendaire comme solution, bien qu’elle ne soit plus mentionnée par les résolutions onusiennes, et en soutenant la création d’un nouvel Etat au Sahara. Cette stratégie lui a permis jusqu’ici de retarder une issue à ce conflit vieux de 50 ans.
Le texte mentionne à plusieurs reprises que la solution au conflit devrait se faire dans le cadre de la proposition d’autonomie soumise par le Maroc. Or, cette proposition établit clairement qu’il s’agit d’une autonomie (une forme d’autodétermination, comme le requiert l’ONU) sous souveraineté marocaine.
L’Algérie était à deux doigt de voter la résolution, révèle Ahmed Attaf dans son entretien. Cela supposerait que l’Algérie était sur le point d’accepter et de suivre la tendance mondiale dans la résolution de ce différend régional.
Mais finalement « l’Algérie n’a même pas participé aux séances de vote, parce qu’elle n’a pas voulu voter », a fait remarquer Abdou Semmar. « Elle ne s’est ni abstenue ni a voté contre. Donc, l’attitude de l’Algérie était complètement bizarre », a-t-il estimé.
Expliquant les raisons de la non participation au vote, Ahmed Attaf a déclaré que la résolution comprenait une référence à la « souveraineté marocaine » sur le Sahara dans le préambule du texte de la résolution votée le 31 octobre dernier.
« Nous avons demandé, dans la nuit la veille du vote, que celle-ci soit enlevée et qu’on vote pour le texte. Elle n’a pas été enlevée. C’est cela, techniquement, qui a motivé le fait que l’Algérie n’ait pas participé au vote », a-t-il dit.
Et de poursuivre: « Il fallait simplement enlever cette référence au niveau du préambule. Je le maintiens, parce que dans le dispositif du texte, la référence à la souveraineté marocaine a été enlevée ».
Le chef de la diplomatie algérienne a donc assuré que l’Algérie était prête à voter le texte jusque dans la nuit du vote, affirmant que l’Algérie aurait obtenu la suppression de la mention de la « souveraineté marocaine » sur le Sahara dans le corps du texte. Selon lui, si le texte final de la résolution avait supprimé cette même mention dans le préambule, l’Algérie aurait non seulement participé au vote mais voté en faveur du texte.
« Sauf que Ahmed Attaf ment », a lancé le journaliste algérien Abdou Semmar, rappelant que le ministre algérien, au delà de son âge (72ans), dispose de toutes ses capacités mentales et intellectuelles, mais que toutefois, il semble oublier que toutes les preuves et informations sont disponibles sur internet, y compris le texte complet de la résolution du Conseil de sécurité, et qu’il est simple d’aller vérifier ce qu’il avance.
« Pourquoi il ment? Il ment même honteusement puisque la référence à la souveraineté marocaine, est citée dans le corps du texte », a souligné le journaliste algérien qui a montré preuve à l’appui, dans sa vidéo, le texte de la résolution issu du site des Nations Unies.
« Il dit qu’elle (la mention de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, ndlr) ne figure pas dans le corps du texte. C’est un mensonge », a-t-il poursuivi en expliquant que dans les points 2 et 3, le texte de la résolution parle expressément de la souveraineté du Maroc sur le Sahara puisqu’il soutient le plan d’autonomie marocain dont la base est la souveraineté marocaine avec une autonomie élargie.
« Dans le point 2, on parle de négociation en se basant sur le plan d’autonomie proposé par le Maroc pour parvenir à un règlement juste, durable et mutuellement acceptable. Le mot souveraineté marocaine n’est pas prononcé textuellement, mais le plan d’autonomie proposé par le Maroc, c’est quoi ? C’est la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Ce territoire aura une autonomie élargie ou une autonomie qu’il faudra négocier, mais dans le cadre de la souveraineté du Maroc », a-t-il indiqué.
En tentant d’analyser la position de l’Algérie, Semmar a déclaré: « Donc, si on comprend bien, la position de l’Algérie n’est pas contre l’autonomie. Elle ne s’oppose pas à l’autonomie! Elle s’oppose à la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. L’Algérie est prête à négocier l’autonomie à condition qu’on ne dise pas que cette autonomie sera placée sous la souveraineté du Maroc. C’est une position irrationnelle et contradictoire! ».
Le journaliste a expliqué qu’il n’est pas logique de se présenter comme étant pour l’autonomie tout en étant contre la souveraineté du Maroc. « Les territoires autonomes sont placés sous la souveraineté d’un État auquel ils sont rattachés. La Catalogne est autonome mais elle relève de la souveraineté de l’Espagne. La Nouvelle-Calédonie est autonome mais placée sous l’autorité de la France. La Corse, en France, également », a-t-il cité comme exemples.
« Donc, ce qu’il a dit hier, le scoop incroyable, dévoile des incohérences, une absurdité dans la position algérienne, une attitude totalement irrationnelle, une fuite en avant et peut-être aussi une faiblesse », a estimé le journaliste, rappelant que l’autonomie suggère qu’elle soit faite sous la souveraineté d’un Etat, en l’occurrence le Maroc.
Semmar a conclu en rappelant que la Mauritanie s’est retirée et n’a plus de revendications sur le Sahara, que l’Algérie aurait « toujours dit que je n’ai pas d’intention, je n’ai pas de revendications sur ce territoire, je ne cherche pas à l’occuper », et le Maroc considère que c’est son territoire et depuis 2007, a dit être prêt à concéder l’autonomie à condition que cela se fasse sous sa souveraineté, d’où des questionnements légitimes sur la « nouvelle » position de l’Algérie dans ce dossier.
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