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À l’occasion de la 17e édition du Salon International de l’Agriculture au Maroc (SIAM), la conférence dédiée aux enjeux de la filière céréales et légumineuses a réuni des figures clés du secteur agricole national. Une thématique d’une brûlante actualité à l’heure où le Royaume affronte des défis multiples en matière de sécurité alimentaire.
Entre aléas climatiques, volatilité des marchés internationaux et tensions géopolitiques, les intervenants ont plaidé pour une approche intégrée, plaçant la constitution d’un stock stratégique au cœur des priorités. Omar Yaacoubi, président de la Fédération Nationale des Commerçants en Céréales et Légumineuses (FNCL), a ouvert la conférence en soulignant l’impératif de bâtir un stock stratégique de céréales sur le sol national. Il a rappelé que depuis 2007, le marché international du blé a été soumis à une succession de chocs majeurs : crise alimentaire de 2008, sécheresse en Russie en 2010, dérèglement climatique aux États-Unis en 2012, pandémie de COVID-19 en 2020, et guerre en Ukraine dès 2022. Ces événements ont mis à nu la fragilité des chaînes d’approvisionnement et la dépendance du Maroc aux importations.
« La guerre en Ukraine, qui a fortement perturbé les exportations via la mer Noire, a été un signal d’alarme », a-t-il martelé. Il a aussi évoqué la fermeture temporaire des ports de Casablanca et Jorf Lasfar en février 2025, causée par des conditions climatiques extrêmes, comme un exemple concret des vulnérabilités logistiques que le pays ne peut plus ignorer.
Selon Yaacoubi, le stock stratégique envisagé doit reposer en priorité sur la production nationale, offrant un débouché pérenne aux agriculteurs locaux. Il s’agirait d’un outil de régulation permettant à l’État de gérer les périodes de tension sans interférer avec le fonctionnement normal du marché.
Le président de la FNCL a insisté sur le maintien d’un équilibre délicat : assurer la sécurité alimentaire sans remettre en cause les acquis du secteur privé, notamment en matière de compétitivité des prix et de qualité des blés importés. La libéralisation du marché, a-t-il rappelé, a permis au Maroc de bénéficier de prix attractifs et d’un approvisionnement régulier.
Le dispositif proposé impliquerait des appels d’offres sur la base d’un prix cible déterminé par l’État, permettant ainsi aux opérateurs privés de proposer leurs offres tout en garantissant une marge de manœuvre budgétaire à l’administration.
De son côté, Moha Ferrahi, représentant de l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA), a mis l’accent sur la recherche génétique et le développement de nouvelles variétés adaptées aux conditions climatiques changeantes. « Sans gain génétique, il est impossible d’améliorer la productivité des cultures », a-t-il rappelé.
L’INRA, qui a déjà développé plus de 120 variétés de céréales, ambitionne d’en créer entre 30 et 50 supplémentaires d’ici 2030, dans le cadre de la stratégie agricole 2020-2030. L’objectif : accroître les rendements tout en assurant la résilience des cultures face aux épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents. Il a toutefois reconnu la part de marché encore limitée de ces variétés améliorées, qui représente en moyenne 20 % selon les espèces.
Ainsi, Bilal Hajjouji, directeur de l’Office National Interprofessionnel des Céréales et des Légumineuses (ONICL), a rappelé le rôle historique de l’établissement, qui œuvre depuis 1937 pour assurer un approvisionnement stable du marché marocain. Doté de missions réglementaires et opérationnelles, l’ONICL pilote notamment des programmes de stabilisation des prix et de sauvegarde du cheptel.
Il a souligné la complexité de la filière céréalière, marquée par une multiplicité d’acteurs aux intérêts parfois divergents, de la production à la distribution. D’où la nécessité de mécanismes souples mais efficaces pour anticiper les crises et adapter l’approvisionnement du pays.
La conférence a mis en lumière une volonté commune : celle de garantir la souveraineté alimentaire du Maroc à travers une meilleure structuration de la filière, une valorisation de la recherche agronomique, et une implication renforcée de l’État dans la gestion stratégique des stocks. Dans un monde où l’instabilité est devenue la norme, cette réflexion s’impose comme un jalon crucial dans la construction d’une agriculture résiliente et durable.
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