Posted by - Senbookpro KAAYXOL -
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La guerre a presque atteint le seuil symbolique des mille jours. Depuis avril 2023, le conflit au Soudan n’a cessé de fragmenter le pays, entraînant avec lui un système de santé. Entre flambées de maladies infectieuses, pénuries généralisées, malnutrition massive et hausse continue de la mortalité, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) lance l’alerte.
L’ampleur des attaques contre les infrastructures médicales est sans précédent. L’agence onusienne met en avant des chiffres « choquants » : le Soudan enregistre aujourd’hui la plus forte proportion mondiale de décès liés aux attaques visant le secteur de la santé, en violation flagrante du droit international humanitaire. Alors que les hôpitaux sont bombardés et que le personnel soignant est pris pour cible, la guerre s’attaque directement à ce qui reste de la capacité de survie du pays.
« En l’espace de moins de mille jours, le Soudan a été plongé dans une crise humanitaire qui se détériore rapidement, une crise sécuritaire, une crise des déplacements, une crise proche de la famine, mais aussi une crise sanitaire », résume Shible Sahbani, représentant de l’OMS au Soudan.
Le conflit est né de la lutte de pouvoir entre l’armée régulière et les Forces de soutien rapide (FSR), une force paramilitaire devenue centrale dans l’appareil sécuritaire du pays. La rupture entre le général Abdel Fattah al-Bourhan, à la tête du pays, et son ancien allié Mohamed Hamdan Daglo, chef des FSR, a fait voler en éclats la transition engagée après la chute d’Omar el-Béchir. Après presque trois ans de guerre civile, plus de 10 millions ont été contraintes de fuir leurs foyers, dont environ la moitié sont des enfants.
Une fillette de six mois reçoit le vaccin contre le paludisme au Soudan, lors d’une campagne de vaccination organisée à Gedaref, en présence de Shible Sahbani, représentant de l’OMS au Soudan.
Le contexte climatique et environnemental aggrave encore la situation. Les conditions sont propices à la prolifération des moustiques, favorisant la propagation du paludisme et de la dengue. Parallèlement, des flambées de maladies évitables par la vaccination – rougeole, poliomyélite – sont signalées dans de nombreux États. La baisse drastique de la couverture vaccinale, conjuguée à la malnutrition, expose particulièrement les enfants à des risques vitaux.
Les pénuries de médicaments et de fournitures médicales, l’effondrement des ressources humaines et financières, ainsi que les attaques répétées contre les structures de soins rendent le fonctionnement du système de santé de plus en plus précaire. « Cela signifie que le système est au bord de l’effondrement », avertit Shible Sahbani.
Autrefois présenté comme le grenier de la région, le Soudan fait désormais face à l’une des crises alimentaires les plus graves au monde. Plus de 21 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire aiguë et de malnutrition. Les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes ou allaitantes sont les plus vulnérables : près de 800 000 enfants devraient souffrir de malnutrition aiguë sévère en 2025, selon les estimations de l’OMS.
Dans ce contexte, l’agence coordonne la réponse sanitaire en lien avec le ministère soudanais de la santé et ses partenaires. Depuis le début du conflit, environ 3 000 tonnes de fournitures médicales, d’une valeur de 33,3 millions de dollars, ont été acheminées. L’OMS soutient également financièrement des personnels de santé privés de salaires et fournit du carburant pour alimenter les générateurs électriques des hôpitaux.
Mais les besoins dépassent largement les capacités actuelles. La chute historique des taux de vaccination – les plus bas depuis quarante ans selon l’UNICEF – favorise la propagation de maladies telles que la rougeole, la diphtérie et la polio. « La malnutrition et d’autres problèmes de santé rendent les enfants moins résistants, mettant leurs vies et leur avenir en grave danger », souligne Shible Sahbani.
La géographie du conflit pèse lourdement sur la réponse sanitaire. À l’est, relativement épargné par les combats, l’afflux massif de déplacés exerce une pression croissante sur des infrastructures déjà limitées. À l’ouest, notamment au Kordofan et au Darfour, les bombardements, l’insécurité et les obstacles à l’accès rendent les soins extrêmement difficiles. Le centre du pays – Al-Jazira, Khartoum, Sennar – durement touché par la guerre, redevient partiellement accessible, mais reste profondément meurtri.
Pour l’OMS, l’urgence ne se limite plus à la survie immédiate. « Nous devons penser au Soudan comme à un pays qui doit se relever aussi vite que possible », plaide son représentant, appelant à renforcer dès maintenant un système de santé exsangue, condition indispensable à toute stabilisation durable.
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