Alors que la baisse des prix à la pompe fait les gros titres, Houssine El Yamani, secrétaire général du Syndicat national du pétrole et du gaz, alerte sur l’héritage lourd de la libéralisation du marché. Selon lui, des surprofits estimés à près de 90 milliards de dirhams se sont accumulés depuis 2016, au détriment du pouvoir d’achat des Marocains et de la souveraineté énergétique du pays.
Dans une réaction émise à Hespress FR, Houssine El Yamani, secrétaire général du Syndicat national du pétrole et du gaz et président du Front national pour la sauvegarde de la raffinerie marocaine de pétrole, a de nouveau tiré la sonnette d’alarme au sujet des conséquences de la libéralisation des prix des carburants, décidée en 2015 par le gouvernement Benkirane.
Le syndicaliste estime que les écarts persistants entre les prix de revient sur le marché international et les tarifs appliqués en station-service ont généré, depuis la libéralisation, des marges considérables au profit des opérateurs. Selon lui, ces « surprofits » cumulés atteindraient aujourd’hui près de 90 milliards de dirhams.
El Yamani souligne que la flambée des prix des carburants figure parmi les principaux facteurs de l’inflation généralisée qui touche biens et services. À ses yeux, cette dynamique entretient la grogne sociale, fragilise le pouvoir d’achat des ménages et mine la compétitivité de l’économie nationale. Il pointe également la dépendance accrue du pays aux importations, conséquence directe de l’arrêt de la raffinerie de Mohammedia, qui prive le Maroc d’un outil stratégique de souveraineté énergétique.
Pour le syndicaliste, il devient impératif de réévaluer la décision de libéralisation, dans un contexte mondial marqué par les tensions géopolitiques et les incertitudes énergétiques. Il plaide ainsi pour une révision urgente de la politique nationale des hydrocarbures, assortie d’une relance effective de la raffinerie nationale.
« La protection du pouvoir d’achat des Marocains et le renforcement de la sécurité énergétique du pays ne peuvent être garantis sans un retour à une régulation transparente du secteur et sans la remise en marche de nos capacités de raffinage », a-t-il affirmé.
Ce nouvel appel relance le débat politique autour de la pertinence du choix de libéraliser un marché aussi sensible. Alors que les prix connaissent une légère détente, la question de fond demeure : faut-il maintenir le système actuel, qui laisse le champ libre aux fluctuations et aux marges privées, ou repenser un modèle plus équilibré, conciliant compétitivité économique, justice sociale et souveraineté nationale ?
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