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Le journal égyptien « Echorouk » a révélé que le Maroc aurait interdit, de manière non officielle, l’entrée des marchandises égyptiennes sur son marché depuis plusieurs semaines. Cette décision serait motivée par des différends commerciaux opposant les deux pays, en particulier en raison du non-respect par l’Égypte de l’accord d’Agadir, qui régit le libre-échange entre le Maroc et l’Égypte. En effet, Le Caire imposerait un certain nombre de restrictions à l’entrée de plusieurs exportations marocaines, et ce, malgré leur conformité aux normes convenues.
Selon « Echorouk« , citant des sources professionnelles égyptiennes, cette mesure du Maroc serait une réaction directe aux obstacles instaurés par l’Égypte à l’importation des voitures marocaines. Les autorités égyptiennes justifient ces restrictions par leur politique visant à « gérer les flux de devises étrangères et à donner la priorité aux produits de première nécessité, aux médicaments et aux matières premières ».
Les relations commerciales entre le Maroc et l’Égypte sont encadrées par l’accord d’Agadir, un accord de libre-échange signé en 2004 par le Maroc, l’Égypte, la Tunisie et la Jordanie, et entré en vigueur en 2007. Cet accord ambitionne de renforcer la coopération économique et commerciale entre ses membres, en favorisant la libéralisation des échanges de biens et de services et en encourageant l’intégration industrielle, avec pour objectif une meilleure insertion sur le marché européen.
Cependant, 16 ans après sa mise en application, l’équilibre commercial entre le Maroc et l’Égypte demeure fortement déséquilibré en faveur du Caire. Les importations marocaines en provenance d’Égypte ont dépassé 827 millions de dollars, alors que les exportations marocaines vers l’Égypte peinent à atteindre 52 millions de dollars.
L’économiste Yassine Aaliya s’est dit surpris par ce « déséquilibre structurel« , soulignant qu’en théorie, le marché égyptien représente environ 110 millions de consommateurs potentiels pour les produits marocains, contre 36 millions pour les produits égyptiens au Maroc. « Les exportations marocaines devraient logiquement être bien plus importantes, mais la réalité du terrain nous montre le contraire« , a-t-il affirmé.
Ce n’est pas la première fois que les échanges commerciaux entre les deux pays connaissent de vives tensions. L’ancien ministre marocain de l’Industrie, Moulay Hafid Elalamy, avait publiquement dénoncé les obstacles imposés aux produits marocains sur le marché égyptien, affirmant que ces entraves entraînaient pour le Maroc des pertes estimées à près de 600 millions de dollars.
À l’époque, Elalamy avait souligné que « les voitures fabriquées au Maroc se heurtent à des blocages lorsqu’elles sont exportées vers l’Égypte, cette dernière leur imposant des conditions strictes pour accéder à son marché« . Face à cette situation, le Maroc avait exigé une révision des échanges commerciaux entre les deux pays.
De son côté, Yassine Aaliya affirme que « les autorités égyptiennes ont toujours imposé des barrières techniques à l’entrée des voitures marocaines sur leur marché, alors que l’industrie automobile constitue l’un des piliers des exportations marocaines« . Cette situation, selon lui, nuit à la capacité du Maroc à réduire le déficit commercial bilatéral.
L’économiste pointe également du doigt une pratique récurrente de l’Égypte, qui consiste à exporter vers le Maroc des produits contrefaits tout en leur octroyant des certificats officiels égyptiens. Ces produits sont ensuite réintroduits sur le marché marocain à des prix très bas, nuisant ainsi à la concurrence locale grâce aux avantages de l’accord de libre-échange.
Face à ces pratiques jugées déloyales, le Maroc a dû à plusieurs reprises instaurer des droits antidumping sur divers produits égyptiens afin de protéger sa production nationale.
Pour rappel, l’antidumping consiste à vendre un produit sur un marché étranger à un prix inférieur à son coût de production ou à son prix de vente sur son marché d’origine, ce qui menace la pérennité de l’industrie locale.
Ainsi, à la fin de l’année dernière, le ministère marocain de l’Industrie et du Commerce a décidé d’appliquer un droit antidumping définitif de 29,93 % sur les importations de conserves de tomates en provenance d’Égypte, et ce, pour une durée de cinq ans. Cette mesure s’appuie sur les conclusions d’une enquête menée par le ministère, qui a mis en lumière l’impact néfaste de ces importations sur l’industrie locale.
De même, le ministère marocain avait précédemment imposé un droit antidumping de 35,33 % sur les tapis et couvertures textiles égyptiens, une décision qui avait provoqué un vif mécontentement chez les industriels égyptiens.
Ces tensions récurrentes soulignent les défis auxquels font face les relations commerciales entre le Maroc et l’Égypte, mettant en évidence la nécessité d’un rééquilibrage des flux commerciaux entre les deux nations.
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