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Le ministre tunisien des Affaires étrangères, Mohamed Ali Al-Nafti, en visite officielle en Algérie le week-end dernier, semble avoir provoqué une véritable tempête dans un verre d’eau en Tunisie. Ou est-ce plutôt l’Algérie qui a secoué violemment la table, dans ce qui s’apparente de plus en plus à une tentative de prise en main sur son voisin à l’est ?
Au cœur de la polémique, une déclaration du ministre tunisien lors de sa rencontre avec la marionnette préférée du régime kaki, où il a mentionné, avec un enthousiasme troublant, avoir « grandement bénéficié des directives de son excellence le président algérien mal nommé ». Un simple compliment de courtoisie ? Pas pour une partie de la classe politique tunisienne, qui voit dans ces propos une atteinte à la souveraineté du pays et une illustration criante de la faiblesse de sa diplomatie.
Pour les plus critiques, cette déclaration n’est que le dernier épisode d’une longue série de glissements diplomatiques qui laissent la Tunisie dangereusement proche d’une position de vassalité vis-à-vis de son puissant voisin. Mohamed Al-Assaad Obeid, secrétaire général de l’Organisation tunisienne du travail, n’a pas mâché ses mots en qualifiant ces propos d’« insulte au peuple tunisien » et de « violation de la dignité nationale ». De son point de vue, ces directives venant d’Alger ne font que confirmer la perte d’autonomie de la diplomatie tunisienne, incapable, selon lui, de défendre ses intérêts avec la fermeté nécessaire.
Cette sortie médiatique n’est pas restée sans écho de l’autre côté de la frontière. En Algérie, la presse a couvert abondamment cette rencontre, non sans faire ressortir ce que certains observateurs qualifient d’obsession de l’Algérie pour se positionner en mentor régional. Une telle ambition, pourtant toujours dissimulée derrière de grands discours sur la solidarité intermaghrébine, semble de plus en plus évidente.
La dynamique à caractère calculé de cette scène médiatique vise à faire apparaître la Tunisie comme une extension de l’influence algérienne, ou pour banaliser, une Wilaya de plus pour l’hégémonie de l’Algérie. L’Algérie, selon les experts, s’efforce de jouer les architectes de l’unité maghrébine, mais à quel prix ? Si Nouakchott a refusé de se joindre à cette initiative, ce n’est pas sans raison. La Mauritanie, déjà échaudée par des décennies de rivalités et de manœuvres au sein de l’Union du Maghreb Arabe, perçoit sans doute dans ce sommet une tentative d’alignement forcé des pays voisins sur les priorités algériennes.
Mais au-delà de la polémique, il faut se demander pourquoi l’Algérie, après des années de rapports complexes avec ses voisins maghrébins, semble de plus en plus prête à s’imposer en leader régional. D’un côté, il y a bien sûr la situation interne à l’Algérie, marquée par une instabilité politique croissante et une économie en difficulté. De l’autre, le régime des séniles d’Alger, contesté dans son propre pays, trouve dans l’expansion de son influence régionale une manière de détourner l’attention de ses citoyens des problèmes domestiques. En dominant les relations bilatérales avec la Tunisie et en tentant de soumettre la diplomatie tunisienne à ses orientations, l’Algérie cherche à affirmer un pouvoir qu’elle peine à exercer sur son propre sol.
Pour la Tunisie, ce contexte met en lumière la crise profonde qui frappe son appareil diplomatique. Si autrefois, Tunis pouvait se targuer d’une diplomatie indépendante et active, aujourd’hui, elle semble à la traîne, balbutiant à l’international, à l’image de son ministre des Affaires étrangères, pris dans une posture de subordination embarrassante.
C’est là que la situation devient délicate pour la Tunisie : comment maintenir une relation de bon voisinage avec l’Algérie, tout en préservant sa souveraineté ? La question reste sans réponse, et les événements récents ne sont guère encourageants. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le pouvoir algérien tente d’exercer une pression démesurée sur ses voisins.
L’exemple du Sahara marocain est flagrant : depuis des décennies, l’Algérie utilise le dossier sahraoui pour se positionner comme un acteur incontournable, malgré les coûts diplomatiques et économiques que cela lui a causés. La Tunisie serait-elle donc simplement la nouvelle cible de cette diplomatie agressive ?
Si l’Algérie parvient à imposer son agenda à Tunis, cela pourrait marquer un tournant dans les relations maghrébines, avec un Maghreb de plus en plus divisé et fragmenté. À l’inverse, une résistance tunisienne à l’influence algérienne pourrait redessiner les alliances dans la région, en renforçant les liens entre Tunis et Rabat, ou même avec des puissances extérieures au Maghreb.
Dans ce jeu d’influence, une chose est certaine : la Tunisie ne peut plus se permettre d’être passive. Si elle veut préserver son indépendance et son rôle dans la région, elle devra redéfinir sa politique étrangère avec plus de fermeté, face à une Algérie qui, plus que jamais, semble déterminée à étendre son emprise sur ses voisins.
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