Le tunnel Espagne-Maroc est sur les bons rails. Le gouvernement espagnol a récemment lancé un appel d’offres pour la location avec option d’achat de quatre sismomètres destinés à l’étude du fond marin du Détroit de Gibraltar, c’est ce qu’a récemment révélé les médias ibériques. 

Ce projet s’inscrit dans le cadre d’une initiative ambitieuse visant à construire un tunnel reliant l’Espagne au Maroc, un projet qui a retrouvé un intérêt significatif ces dernières années avec la relance des relations bilatérales. La date limite de présentation des offres est fixée au mercredi 2 octobre.

“La Société Espagnole d’Études pour la Communication Fixe à travers le Détroit de Gibraltar (SECEGSA), sous la tutelle du ministère des Transports et de la Mobilité Durable, est à l’origine de cet appel d’offres. L’objectif est d’acquérir des sismomètres de fond marin (OBS) pour la campagne de recherche sismotectonique intitulée Capitaine de Navire Manuel Catalán Morollón, qui se déroulera sur une période de six mois une fois les appareils livrés à l’Institut Royal et Observatoire de la Marine à San Fernando (Cádiz)”, rapporte le quotidien espagnol El Faro De Ceuta.

Compte tenu des conditions particulières du Détroit, notamment des vents forts et des courants marins puissants, des exigences techniques strictes sont imposées aux sismomètres pour garantir des mesures précises. Une phase de validation préalable est également prévue avant le déploiement. Le contrat de location est estimé à près de 488.000 euros, taxes incluses.

Le projet de tunnel sous le Détroit de Gibraltar, visant à relier l’Espagne au Maroc, a une longue histoire. En 1980, les deux pays ont signé un accord historique portant sur l’étude de la faisabilité d’un lien fixe entre l’Europe et l’Afrique. Cet accord a donné naissance à deux entités nationales chargées de mener ces études : la SECEGSA pour l’Espagne, et la Société Nationale d’Études du Détroit de Gibraltar (SNED) pour le Maroc.

Depuis lors, des recherches approfondies ont été menées pour analyser les défis géologiques, océanographiques, sismiques et météorologiques que présente cette région. Parmi ces travaux, des forages en profondeur ont été réalisés sur terre, accompagnés d’essais géotechniques, notamment l’excavation d’une galerie sous-marine à grande échelle près de Tanger, et d’une galerie terrestre près de Tarifa.

En matière de sismologie, un premier déploiement de trois sismomètres avait déjà eu lieu en 2014, en collaboration avec des navires de la marine espagnole. Les informations recueillies ont permis d’évaluer plusieurs options pour relier les deux rives, aboutissant à la proposition d’un tunnel ferroviaire de 38,5 km entre Punta Paloma, près de Tarifa, et Tanger, dont 27,7 km seraient sous-marins. Ce tunnel comprendrait deux tubes réservés au transport ferroviaire.

Lors de la Réunion de Haut Niveau (RAN) entre l’Espagne et le Maroc, organisée à Rabat en février 2023, l’ancienne ministre espagnole des Transports, Raquel Sánchez, a confirmé la relance des études pour ce qu’elle a qualifié de « projet stratégique » pour les deux nations.

En avril 2023, une réunion virtuelle du comité mixte hispano-marocain a permis de réactiver officiellement le projet. Cependant, le ministère des Transports a précisé qu’il ne s’agit pour le moment que d’études, et que la construction du tunnel nécessitera la signature de nouveaux accords entre les deux gouvernements.

L’organisation conjointe de la Coupe du Monde de football 2030 par l’Espagne, le Portugal et le Maroc a ravivé l’intérêt pour ce tunnel. SECEGSA, sur son site officiel, souligne que ce « lien fixe » entraînerait un développement économique et social sans précédent pour les régions d’Andalousie et du nord du Maroc, tout en favorisant la croissance des réseaux de transport entre les deux pays. Ce projet représenterait également une opportunité unique de coopération entre l’Union européenne et le Maghreb.

Avec la réactivation de ce projet stratégique, le tunnel Espagne-Maroc pourrait devenir un symbole de la coopération renforcée entre les deux rives de la Méditerranée, tout en ouvrant de nouvelles perspectives de mobilité, de commerce et de développement économique dans la région.

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