Sauf énorme surprise, la sentence est déjà connue: face aux vetos annoncés de la gauche et de l’extrême droite, le locataire de Matignon sait que la fin de son bail est imminente. Même s’il fait encore mine d’y croire.
Comme samedi soir sur France 5: « Je crois toujours que la bonne foi, l’honnêteté, le sens de l’intérêt général peuvent l’emporter. Jusqu’au moment du vote, je plaiderai ça ».
Le centriste défendra une nouvelle fois sa cause dimanche midi sur le média en ligne Brut. Sans doute pour insister une énième fois sur l’urgence du « surendettement » de la France, qui justifie à ses yeux l’effort budgétaire de 44 milliards d’euros qu’il a proposé pour 2026.
Message qui parait de plus en plus adressé à son successeur, tant M. Bayrou semble s’être résolu à son départ forcé. « Il faudra bien trouver quelqu’un d’autre de toute façon », admet-il, espérant « que le combat que nous avons mené (…) soit porté, poursuivi et si possible imposé ».
Charge au chef de l’Etat de trouver le profil idoine. Pour l’heure, Emmanuel Macron « n’a pas tout à fait décidé » et « cherche encore la bonne solution sur le casting comme sur le fond », glisse un visiteur de l’Elysée.
La grande tambouille
Dans l’entourage du président, peu envisagent toutefois qu’il nomme le socialiste Olivier Faure, qui a revendiqué en début de semaine « les places gouvernementales aujourd’hui occupées » par la droite et le centre.
Sauf que pour Les Républicains, réunis en congrès ce weekend à Port-Marly (Yvelines), « si la gauche est à Matignon, la droite sera dans l’opposition ». Le discours de clôture de leur chef, Bruno Retailleau, à 15H00, dira si des marges de manoeuvre existent néanmoins.
Prétendant pour Matignon, le patron du PS aura, lui, l’occasion de préciser ses conditions sur France 3 à 12H00 – au moment même où M. Bayrou donnera son ultime entretien.
Olivier Faure « a vocation à revendiquer le pouvoir », a estimé François Hollande dans La Tribune Dimanche. L’ancien président pose les conditions qui doivent amener, selon lui, les socialistes à un accord de non-censure : revenir sur le plan d’économies de 44 milliards voulu par le président du MoDem, « faire contribuer les détenteurs des plus hauts patrimoines » et « les entreprises à l’effort global de maîtrise de notre dette ».
Olivier Faure doit aussi tenir compte du refus farouche des Insoumis d’accompagner sa stratégie, qualifiée d' »escroquerie ».
Dénonçant « la grande tambouille » de « la coalition de tout et n’importe quoi », Jean-Luc Mélenchon a prévenu samedi: « Nous ne sommes candidats à aucune autre place, sinon à la première pour tout changer ».
Tourné vers l’élection suprême, le triple candidat malheureux à la présidentielle rêve d’en provoquer une autre avant 2027, grâce à la motion de destitution que les députés LFI s’apprêtent à déposer.
Avec l’intention affichée de s’appuyer sur la colère sociale pour précipiter les événements, dès mercredi avec le mouvement « Bloquons tout », puis avec la mobilisation syndicale du 18 septembre.
Un pari opposé à celui du Rassemblement national, qui pousse de toutes ses forces pour de nouvelles législatives anticipées, que le parti à la flamme pense pouvoir gagner cette fois-ci.
Pour sa rentrée politique dimanche en fin de matinée dans son fief d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), Marine Le Pen devrait insister sur cette perspective de majorité absolue, gage de « stabilité ».