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Alors que Pékin et Washington cherchent à apaiser les tensions commerciales entre les deux plus grandes puissances économiques du monde, les divergences stratégiques refont surface. L’un des points d’achoppement majeurs reste la question des importations de pétrole russe et iranien par la Chine. Malgré les discussions menées à Stockholm, Pékin a opposé une réponse catégorique à la demande américaine de cesser ces achats jugés sensibles par la Maison-Blanche.
Dans un communiqué publié mercredi dernier sur le site du ministère chinois des Affaires étrangères, au terme de deux jours de pourparlers, la Chine a vivement réagi à la menace de nouvelles taxes douanières américaines pouvant atteindre 100 %. « La Chine garantira toujours ses approvisionnements énergétiques dans le respect de ses intérêts nationaux », affirme le texte. Un message clair envoyé à Washington, alors que la diplomatie américaine fait pression pour isoler davantage la Russie et l’Iran sur les plans économique et militaire.
Le même communiqué précise : « La coercition et la pression ne mèneront à rien. La Chine défendra avec fermeté sa souveraineté, sa sécurité et ses intérêts de développement ».
Ces propos confirment la volonté de Pékin d’adopter une ligne dure face aux injonctions américaines, surtout lorsqu’elles touchent à des domaines aussi stratégiques que l’énergie. Le président Donald Trump, toujours en quête d’un accord commercial marquant, se heurte ici à une limite que la Chine ne semble pas prête à franchir.
Une dépendance assumée
Si Washington insiste tant sur ce dossier, c’est parce que le pétrole russe et iranien constitue l’une des principales sources de financement pour les deux pays. Réduire ces revenus est perçu comme un levier pour affaiblir les capacités militaires de Moscou, notamment dans sa guerre contre l’Ukraine.
Mais les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon un rapport de 2024 de l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA), entre 80 % et 90 % du pétrole iranien exporté trouve preneur en Chine. À cela s’ajoutent plus d’un million de barils importés quotidiennement par Pékin depuis l’Iran. Côté russe, la Chine reste un client de poids, bien que devancée par l’Inde dans l’achat de pétrole brut transporté par voie maritime.
Les données publiées par l’Institut KSE, affilié à la Kyiv School of Economics, montrent qu’en avril dernier, les importations chinoises de pétrole russe ont grimpé de 20 % par rapport au mois précédent, dépassant les 1,3 million de barils par jour.
« Pas de compromis sur la souveraineté »
Du côté américain, la frustration est palpable. Le secrétaire au Trésor, Scott Pizzent, a reconnu que « les Chinois prennent leur souveraineté très au sérieux ». Et d’ajouter : « Nous ne voulons pas y porter atteinte, mais ils préfèrent faire face à des droits de douane de 100 % ».
Interrogé par CNBC, Pizzent a décrit les négociateurs chinois comme « stricts », tout en estimant que « leur position n’a pas bloqué les discussions. Nous avons encore des chances d’aboutir à un accord », a-t-il confié.
Pékin, de son côté, reste droit dans ses bottes. Lorsque Donald Trump a annoncé en avril une vague de droits de douane contre plusieurs dizaines de pays, la Chine a été la seule à répliquer fermement. « Si les États-Unis persistent, la Chine se battra jusqu’au bout. C’est notre position officielle et constante », a déclaré Tou Shen Chuan, directeur de l’Institut chinois pour les études de l’OMC à Pékin, dans un entretien accordé à l’Associated Press.
Selon lui, la Chine doute même que Washington aille jusqu’au bout de ses menaces, notamment au vu de l’importance stratégique que Trump accorde réellement à la confrontation avec la Russie.
Scott Kennedy, analyste au Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS) à Washington, partage cet avis. Il estime que « la Chine ne changera probablement pas de cap », car elle perçoit des contradictions dans la politique étrangère américaine à l’égard de Moscou et Téhéran. « Pékin pourrait même utiliser cette situation comme monnaie d’échange dans ses négociations avec Trump », affirme-t-il.
Même son de cloche du côté de Danny Russel, de l’Asia Society Policy Institute, qui considère que la Chine se sent aujourd’hui en position de force. « Trump veut un accord spectaculaire avec Xi Jinping. Le refus chinois d’arrêter ses achats de pétrole à l’Iran ou à la Russie n’est donc pas un obstacle majeur, même s’il peut retarder les discussions », a-t-il indiqué.
Russel va plus loin : « Pékin ne peut pas se permettre de renoncer au pétrole iranien et russe. C’est une source d’énergie stratégique, obtenue à prix réduit ». Et de rappeler que l’alliance énergétique renforce la « solidarité stratégique » entre Xi Jinping et Vladimir Poutine.
D’ailleurs, lorsque le Parlement iranien a évoqué en juin la fermeture du détroit d’Hormuz, après des frappes américaines contre des installations nucléaires, la Chine s’est opposée à toute entrave à cette voie maritime essentielle.
L’Inde aussi dans le viseur
L’administration Trump ne limite pas ses menaces à la Chine. La semaine dernière, l’ancien président a annoncé son intention d’imposer une taxe de 25 % sur les importations en provenance d’Inde, en raison de ses achats de pétrole russe. Une taxe supplémentaire est également envisagée.
Stephen Miller, ancien haut conseiller de Trump, a déclaré sur Fox News qu’ « il est inacceptable que l’Inde finance la guerre en Ukraine via le pétrole russe. Ce qui est encore plus surprenant, c’est que ses achats sont étroitement liés à ceux de la Chine ».
Le sénateur républicain Lindsey Graham, proche de Trump, est allé encore plus loin. En avril, il a présenté un projet de loi autorisant le président à imposer jusqu’à 500 % de droits de douane à tout pays qui achèterait « délibérément » des hydrocarbures ou produits pétrochimiques russes.
« Ce texte vise à briser le cycle pervers dans lequel la Chine achète du pétrole à bas prix, finançant ainsi la machine de guerre russe », a-t-il déclaré en juin.
Le projet bénéficie du soutien de 84 sénateurs et d’une version similaire à la Chambre des représentants. Toutefois, il reste pour l’instant suspendu, dans l’attente d’un éventuel feu vert de Trump.
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