Dans une analyse percutante, Zoubir Bouhoute, expert et chercheur en tourisme, a décortiqué les enjeux liés au marché espagnol, à l’occasion de la 45e édition du Salon International du Tourisme (FITUR), qui se tient à Madrid du 22 au 26 janvier 2025. Pour Bouhoute, cette clientèle, stratégiquement importante, reste sous-exploitée, malgré son immense potentiel.

« Le développement du marché espagnol constitue l’un des plus grands défis pour le nouveau directeur de l’Office National Marocain du Tourisme (ONMT)« , a déclaré l’expert à Hespress FR, notant que bien que le Maroc se positionne comme la première destination africaine et la sixième mondiale pour les touristes espagnols, les chiffres restent modestes.

Ainsi, l’expert a rappelé qu’en 2023, 1,3 million de touristes espagnols ont visité le Maroc, soit seulement 6,8 % des 19,2 millions d’Espagnols ayant voyagé à l’étranger. Selon Bouhoute, la durée moyenne de séjour (DMS) dans les établissements hôteliers marocains ne dépasse pas 0,6 jour, alors qu’elle atteint 7,9 jours pour leurs voyages globaux.

Aussi, l’analyse de Bouhoute met elle en lumière les opportunités offertes par le marché espagnol. Il rappelle qu’avec une population de près de 49 millions d’habitants et un PIB par habitant de 30.705 euros en 2023, l’Espagne dispose d’une base économique solide. L’inflation maîtrisée (1,8 % en octobre 2024) et une croissance prévue à 2,4 % en 2025 renforcent encore son attractivité.

Par ailleurs, il souligne que les touristes espagnols se distinguent par un fort pouvoir d’achat, avec une dépense moyenne de 988 € par voyage. Pourtant, le Maroc ne comptabilise qu’environ 900.000 nuitées en 2024, un chiffre qui illustre une sous-exploitation flagrante de ce marché clé.

Pour conquérir ce marché, Bouhoute insiste sur la nécessité d’adapter l’offre touristique marocaine aux attentes spécifiques des Espagnols. Ces derniers privilégient les séjours immersifs, les expériences axées sur le bien-être et les activités en lien avec la nature. Des destinations comme Marrakech, Casablanca et Agadir, déjà populaires, pourraient être davantage valorisées estime l’expert, grâce à des campagnes promotionnelles ciblées et des produits diversifiés.

« Augmenter la durée moyenne de séjour est une priorité », souligne Bouhoute. Selon lui, le développement de circuits intégrés et d’itinéraires attractifs permettrait d’encourager les touristes espagnols à prolonger leur séjour. Une stratégie qui, à terme, renforcerait la compétitivité du Maroc tout en augmentant les retombées économiques.

Ainsi, selon l’expert, le défi est grand pour le nouveau directeur de l’ONMT, mettant en évidence l’importance de revoir les stratégies actuelles pour maximiser le potentiel du marché espagnol.

« Les opportunités sont nombreuses, mais elles nécessitent une approche ciblée et des efforts soutenus« , souligne Bouhoute, notant qu’avec FITUR 2025 comme plateforme de relance, le Maroc devra prouver sa capacité à se repositionner auprès de cette clientèle exigeante.

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